Emettant deux fois plus de gaz à effet de serre (GES) que les Etats-Unis et quatre fois plus que l’Inde, la Chine a su, malgré les relations très tendues avec ces deux pays, se rapprocher de chacun d’eux durant la conférence de Glasgow sur le climat. Soignant, mercredi 10 novembre, son image de grande puissance mondiale responsable en paraphant avec Washington une « déclaration conjointe sur le renforcement de l’action climatique », Pékin a également défendu âprement ses intérêts deux jours plus tard au côté de Delhi, afin de rendre moins ambitieux l’accord final. Une ambiguïté révélatrice de la place particulière qu’occupe la Chine sur la scène internationale, à la fois pays développé et en développement.
Des objectifs secteur par secteur
La Chine est arrivée à la COP26 avec plutôt un bon dossier. Certes, le pays est le principal consommateur de charbon, mais son tout-puissant président, Xi Jinping, a pris des engagements fermes : parvenir à la neutralité carbone en 2060 et cesser dès à présent de financer le développement de nouvelles centrales au charbon à l’étranger. Juste avant l’ouverture de la réunion, Pékin avait communiqué à l’ONU sa contribution nationale à la lutte contre le réchauffement climatique. La Chine, qui est responsable d’environ un quart des émissions mondiales de GES, veut désormais atteindre un pic d’émissions « avant 2030 » et la neutralité carbone « avant 2060 ». Par ailleurs, Pékin vise dorénavant une réduction de l’intensité carbone de son économie de « plus de 65 % » en 2030 par rapport à son niveau de 2005 et souhaite atteindre une part d’énergies décarbonnées « d’environ 25 % » en 2030.
Signe de sa détermination, le gouvernement chinois a publié, le 21 octobre, un document indiquant secteur par secteur les objectifs à atteindre afin de, globalement, diminuer les émissions de CO2« avant 2030 ». Sont notamment visés la pétrochimie, la production d’acier, de métaux non ferreux et les matériaux de construction. Le 9 novembre, plusieurs ministères (transport, agriculture, industrie et technologies, construction…) ont publié à leur tour leur plan pour une « production propre ». Le responsable de Greenpeace pour l’Asie du Sud-Est, Li Shuo, notait que « les engagements chinois ne sont peut-être pas suffisants mais ils vont dans la bonne direction ».
Un document publié par l’institut de recherches allemand Merics montre que sur certains points, les engagements chinois sont plus ambitieux que ceux de l’Union européenne ou des Etats-Unis. La capacité d’énergie solaire et éolienne devrait atteindre 1 200 gigawatts (GW) en Chine en 2030 alors que les Etats-Unis n’ont publié aucun chiffre et que l’Union européenne ne s’engage que pour l’éolien (631 GW). De même, les énergies renouvelables devront fournir plus de 80 % de la consommation d’énergie en 2060. Les Etats-Unis n’ont pas pris d’engagement de ce type et l’Union européenne se fixe un objectif moins ambitieux (32 % à 40 %) mais à bien plus court terme (2030).
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