Le calme était revenu dimanche 14 novembre dans la prison de Guayaquil, au lendemain de nouveaux affrontements meurtriers entre bandes criminelles qui ont fait au moins 68 morts et 25 blessés parmi les détenus, selon le Bureau du procureur. Des dizaines de policiers étaient postés à l’entrée de la prison, et des militaires ont été déployés dans les zones alentour. Les familles de prisonniers s’agglutinaient aussi à la porte du pénitencier pour essayer d’avoir des nouvelles de leurs proches incarcérés.
L’ampleur de la crise pénitentiaire pose un défi aux institutions du pays et au président, Guillermo Lasso (droite), en place depuis sept mois. L’établissement, qui accueille quelque 8 500 détenus, avait été le théâtre, fin septembre, de la pire tuerie jamais enregistrée dans le pays : 119 prisonniers avaient été assassinés. Le président Lasso avait alors proclamé « l’état d’exception » pour une durée de soixante jours dans les 65 prisons équatoriennes du pays. Mi-octobre, il avait étendu la mesure à l’ensemble du territoire pour lutter contre le crime organisé.
Pays de transit stratégique
Le nouveau massacre porte à plus de 300 le nombre de détenus tués en captivité depuis le début de l’année. « Il prouve, si besoin en était, que l’état d’exception et la militarisation du pays ne résolvent rien », souligne le spécialiste de politique criminelle Luis Astudillo, de l’université Metropolitana. Les autorités attribuent les violences pénitentiaires aux rivalités entre gangs liés aux cartels de la drogue. Coincé entre les deux grands producteurs de cocaïne que sont la Colombie et le Pérou, l’Equateur est devenu un pays de transit stratégique pour les trafiquants. « Le gouvernement accuse les cartels internationaux pour s’exonérer de toute responsabilité », affirme Luis Astudillo, qui dénonce « l’absence d’une politique publique pénitentiaire et le manque de moyens octroyés aux prisons ».
En février, à l’occasion d’une mutinerie dans quatre prisons, 79 détenus avaient été retrouvés morts. Depuis, la logique infernale de la vengeance semble enclenchée : chaque massacre est la cause du suivant. Dimanche, des détenus de deux autres prisons du pays ont commencé une grève de la faim en protestation face à l’insécurité dans les centres pénitentiaires.
Le nouvel accès de violence a démarré vendredi soir. Selon les autorités, un groupe de détenus a pris d’assaut, à coup d’armes blanches et d’armes à feu, le Pavillon 2 du centre pénitentiaire de Guayaquil, où sont détenus près de 700 individus. Des prisonniers ont réussi à contacter par téléphone leurs proches et des journalistes pour les prévenir de la situation et supplier la police d’intervenir.
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