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En Bulgarie, un troisième vote pour une sortie de crise politique et sanitaire

Le président bulgare Roumen Radev, candidat à sa succession, dans un bureau de vote de Sofia, le 14 novembre 2021. NIKOLAY DOYCHINOV / AFP

C’est le troisième scrutin de l’année. Après l’échec des deux précédents votes, en avril et en juillet, faute d’accord de coalition entre les partis, cette fois-ci sera-t-elle la bonne ? « J’espère que les chefs politiques ont retenu la leçon et que cela va les pousser à négocier », commente Antony Todorov, professeur à la Nouvelle Université bulgare.

Les bureaux ont ouvert, dimanche, à 7 heures (6 heures, heure de Paris) et fermeront à 20 heures (19 heures, heure de Paris), quand des estimations de sortie des urnes seront dévoilées. « Nous devons tous voter mais j’ai peur que ce soit en vain », confiait Milena Stoyanova, une retraitée de 62 ans, la veille du scrutin, dans les rues de la capitale, Sofia, résumant le scepticisme général, même si d’autres disaient leur « espoir » d’un « avenir meilleur ».

Soif « d’alternance »

La formation d’un exécutif est « de l’importance la plus vitale », plaide Kiril Petkov, ancien ministre de l’économie et l’une des têtes d’affiche du scrutin, à l’unisson des autres partis. « On ne peut pas ne pas avoir un gouvernement », juge Boriana Dimitrova, directrice de l’institut de sondages Alpha Research, invoquant en premier lieu la nécessité de gérer au plus vite la crise sanitaire, car le cabinet intérimaire apparaît impuissant face à la dégradation de la situation.

Les hôpitaux sont débordés et près de 200 personnes meurent chaque jour du Covid-19, dans ce pays des Balkans où moins d’un quart des 6,9 millions d’habitants est complètement vacciné. Le taux de mortalité y est un des plus élevés au monde.

« Dans la société, il y a le sentiment d’une situation chaotique », souligne le Pr Todorov. Le parti conservateur GERB, de l’ex-premier ministre Boïko Borissov, « en joue d’ailleurs très bien », placardant dans la ville des affiches électorales « contre le désordre ». C’est ce message et son « assise locale », s’appuyant sur le « clientélisme », qui expliquent sans doute sa première place dans les sondages (avec 24 % des voix), selon le politologue.

Mais M. Borissov, accusé de corruption par des détracteurs, est désormais jugé « infréquentable » et, de l’avis des experts, il est peu probable que sa formation parvienne à revenir au pouvoir. Il y a une soif « d’alternance », assure Mme Dimitrova, « les gens sont donc enclins à voter pour les partis du changement qu’ils jugent capables de former un gouvernement ».

Le centriste Kiril Petkov, ancien ministre de l’économie par intérim, glisse son bulletin de vote dans une urne pour les élections présidentielle et législatives en Bulgarie, à Sofia, le 14 novembre 2021. NIKOLAY DOYCHINOV / AFP

Socialistes et centristes prêts au « compromis »

Au sein d’un Parlement qui s’annonce de nouveau fragmenté, alors que pas moins de 27 partis se présentent aux élections, les enquêtes d’opinion placent en bonne position deux nouveaux venus, qui détonnent dans le paysage politique bulgare : M. Petkov et son acolyte, Assen Vassilev, rencontré sur les bancs d’Harvard.

Ces entrepreneurs quadragénaires ont bousculé la course en lançant en septembre un mouvement centriste, Continuons le changement. Leur objectif : « Eradiquer la corruption », dans ce pays dernier du classement en la matière au sein de l’Union européenne. Les estimations les placent au coude-à-coude avec les socialistes, avec 16 % des suffrages.

Les deux hommes se sont dits prêts au « compromis » pour mettre fin à cette crise politique inédite depuis la fin du régime communiste. « Ils sont très enthousiastes », mais ont peu d’expérience, prévient Mme Dimitrova, qui pronostique une coalition « instable » du fait des divergences parmi les partis du changement.

Parallèlement aux législatives, les Bulgares élisent aussi dimanche leur président. Roumen Radev, candidat à sa succession, fait figure de favori, même s’il lui faudra sans doute attendre le second tour, prévu le 21 novembre, pour s’imposer face au recteur de l’université de Sofia, Anastas Gerdjikov, appuyé par le GERB.

Novice en politique quand il a remporté la présidentielle en 2016 avec le soutien des socialistes, M. Radev, ancien pilote de chasse et chef des forces armées, est « devenu une figure symbolisant l’opposition à Boïko Borissov » et aux pratiques de corruption, rappelle Antony Todorov. A la veille des élections, le président avait exhorté les Bulgares à se déplacer en nombre aux urnes. « La mafia compte sur l’apathie de la société », a-t-il averti.

Le Monde avec AFP

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