Sara Duterte ne succédera finalement pas à son père. La fille du président philippin, Rodrigo Duterte, a annoncé, samedi 13 novembre, sa candidature à la vice-présidence du pays aux élections de mai 2022, mettant fin aux spéculations qui lui prêtaient l’intention de briguer la présidence du pays. Aux Philippines, président et vice-président sont élus séparément.
Mais, à la grande surprise de la commission électorale, chargée de recueillir les candidatures à la présidence et à la vice-présidence avant la date butoir du 15 novembre, le président sortant, Rodrigo Duterte, a fait savoir samedi également qu’il pourrait lui aussi briguer la vice-présidence, contre sa fille, alors qu’il avait annoncé qu’il ne le ferait pas, au début du mois d’octobre.
M. Duterte, qui ne peut constitutionnellement prétendre à un deuxième mandat présidentiel de six ans, « remettra son certificat de candidature à la vice-présidence lundi, c’est ce qu’il a dit », a déclaré le porte-parole de la présidence Martin Andanar à la chaîne philippine ABS-CBN. « J’aimerais croire que c’est le plan pour le moment. Je ne sais pas si ce sera le même plan d’ici demain ou d’ici lundi », a-t-il toutefois nuancé.
Le soutien de Ferdinand Marcos Junior
Jusqu’à présent, les observateurs tablaient plutôt sur une candidature de Sara Duterte à la présidence. Ces conjectures avaient été alimentées par le retrait surprise, il y a quelques jours, de sa candidature à un nouveau mandat à la mairie de Davao (dans le sud du pays), et par son ralliement soudain au Lakas-Christian Muslim Democrats, le parti politique national de son alliée et ancienne présidente Gloria Arroyo.
La candidature de Mme Duterte a reçu, dès son annonce, le soutien de Ferdinand « Bongbong » Marcos Junior, 64 ans, qui brigue quant à lui la présidence et voit ses chances de succès renforcées. M. Marcos est le fils et l’homonyme du dictateur Ferdinand Marcos, au pouvoir de 1965 à 1986, avant d’en être chassé par une insurrection populaire.
Sara Duterte, 43 ans, était jusqu’à présent en tête dans les enquêtes d’opinion sur les préférences des électeurs pour la présidentielle de mai 2022, tandis que « Bongbong » Marcos était donné en deuxième position.
La plupart des observateurs pariaient sur un accord entre Sara Duterte et Ferdinand Marcos Junior pour que la première postule à la présidence et le second à la vice-présidence, un poste sans grand pouvoir. Mais c’est finalement l’inverse qui s’est produit.
2028 dans le viseur ?
« Le fait que Duterte brigue la vice-présidence consolide plus ou moins “Bongbong” Marcos dans la position de concurrent numéro un, de candidat à battre lors de ces élections », a commenté l’analyste politique Richard Heydarian. Selon lui, les cotes de popularité de Sara Duterte et de son père se sont dégradées ces derniers mois, et le clan Duterte a senti le vent tourner en faveur de M. Marcos. Si Sara Duterte emporte la vice-présidence, cela maintiendra « une Duterte proche du sommet et en bonne position pour l’élection de 2028 », a estimé Mark Thompson, directeur du centre de recherches sur l’Asie du Sud-Est à la City University de Hongkong.
La candidature du fils de l’ancien dictateur se heurte toutefois à quelques obstacles. Ses détracteurs ont notamment demandé à la commission électorale d’invalider sa candidature en raison de plusieurs condamnations pour fraude fiscale dans les années 1990.
Parmi les autres candidats déjà déclarés à la présidentielle figurent le boxeur superstar Manny Pacquiao, le maire de Manille et acteur célèbre Francisco Moreno Domagoso et l’actuelle vice-présidente, Leni Robredo.
Elu en 2016, Rodrigo Duterte s’est rendu tristement célèbre pour sa guerre contre la drogue qui a fait des milliers de morts, et qui fait actuellement l’objet d’une enquête de la Cour pénale internationale.
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