A l’angle du vaste trottoir faisant face au Foreign Office, à deux pas de Downing Street, trois tentes une place ont été dressées. Le sol est jonché de cailloux peints, de bouquets de fleurs et de pancartes « Libérez Nazanin ». Sur une chaise de camping, Thermos à portée de main, Richard Ratcliffe commence son vingtième jour de grève de la faim, vendredi 12 novembre, dans l’espoir que sa femme, Nazanin Zaghari-Ratcliffe, une Irano-Britannique otage du régime de Téhéran depuis 2016, soit enfin autorisée à rentrer au Royaume-Uni.
La veille, cet homme qui se bat sans discontinuer depuis cinq ans, a pu échanger avec James Cleverly, le secrétaire d’Etat britannique à l’Afrique du Nord et au Moyen-Orient, après que ce dernier a rencontré le ministre adjoint aux affaires étrangères iranien, Ali Bagheri Kani, de passage à Londres. Mais rien de concret n’est sorti de l’entrevue. « C’est un des rendez-vous les plus déprimants que j’ai jamais eus. Peut-être parce que nous espérions que les choses allaient enfin avancer. Le ministre [Cleverly] nous a juste dit que le cas de Nazanin avait été abordé avec les Iraniens », déplore M. Ratcliffe, yeux bleus intenses, joues creuses et voix faible.
Dette de Londres envers Téhéran
Jeudi, le Foreign Office a précisé que James Cleverly « continue à travailler dur pour obtenir la libération des citoyens britanniques détenus injustement en Iran ». Outre Nazanin Zaghari-Ratcliffe – condamnée par le régime pour espionnage, une accusation qu’elle a toujours niée –, deux autres binationaux, Morad Tahbaz et Anoosheh Ashoori, ont été emprisonnés ces dernières années par Téhéran, sans raisons valables, selon leurs familles. Ces dernières estiment que le gouvernement britannique n’a pas exploré toutes les pistes pour les libérer.
L’une d’entre elles concerne le paiement d’une dette de 400 millions de livres sterling (468 millions d’euros), due depuis les années 1970 par Londres au régime iranien, car le Royaume-Uni n’avait pas honoré une livraison de chars au pays. Cette dette est « la raison pour laquelle Nazanin a été arrêtée, la raison pour laquelle elle est toujours détenue [condamnée à nouveau à un an de prison, en avril 2021, mais en liberté surveillée, après une première condamnation à cinq ans de prison] », assure Richard Ratcliffe.
« Il y a certes des modalités pratiques à résoudre [sous sanctions occidentales, l’Iran ne peut percevoir aucun versement direct], mais pas de barrières légales », ajoute ce comptable de profession, dont la vie a été bouleversée par la détention de sa femme. « Ces sommes pourraient très bien aller au financement de vaccins anti-Covid pour l’Iran », suggère Lim Jones, son beau-frère, un médecin généraliste, qui veille sur lui depuis le début de sa grève de la faim. Il passe des nuits sous la tente, à ses côtés, à tour de rôle avec d’autres membres de la famille.
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