Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan, les présidents russe et turc, avaient été invités, mais se sont fait représenter. La conférence internationale sur la Libye, organisée vendredi 12 novembre à Paris, était censée redonner du souffle au délicat processus électoral engagé dans ce pays fracturé, tout en insistant sur le retrait des mercenaires étrangers, russes et turcs en particulier. Le sommet a permis « d’acter ces deux principaux objectifs », s’est réjoui Emmanuel Macron, le président français, à la fin des discussions. Pour Angela Merkel, dont c’était peut-être la dernière visite à Paris en tant que chancelière allemande, « les progrès sont parfois lents, mais cela a avancé ». Sans cacher que du travail restait à faire.
Cette fois, les Européens ont cherché à faire front commun pour espérer mettre un terme à une décennie de violence, depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi à la suite de l’intervention de l’OTAN, de la France et du Royaume-Uni : la réunion était coprésidée par M. Macron, Mme Merkel, le président du conseil italien, Mario Draghi, les Nations unies, ainsi que les autorités libyennes de transition. Le chef du gouvernement d’union nationale, Abdel Hamid Dbeibah, et le président du conseil présidentiel, Mohammed Al-Menfi, avaient tout deux fait le déplacement. La vice-présidente américaine, Kamala Harris, était également présente, dans le cadre de sa visite à Paris, cette semaine.
Divergences
Tandis que le cessez-le-feu agréé entre les belligérants est en vigueur depuis un an, et qu’un gouvernement rassemblant les différentes factions est en place, il s’agissait d’affirmer que les élections présidentielle et législatives seraient bien organisées simultanément, ou que leurs résultats seraient reconnus par l’ensemble des forces en présence. Des divergences demeurent en effet entre les responsables libyens sur les modalités des scrutins annoncés et la loi électorale reste encore à voter.
En guise de compromis, les participants à la conférence ont donc convenu de soutenir un processus électoral « débutant » le 24 décembre, en retrait par rapport aux formulations initiales. Ceux qui chercheront, « à l’intérieur ou à l’extérieur de la Libye », à entraver les élections et la transition pourront faire l’objet de sanctions onusiennes.
Sur le plan militaire, et la question du départ des forces étrangères, ni Ankara ni Moscou ne veulent faire le premier pas, au risque de perdre les positions acquises depuis leur intervention, au bénéfice des autorités de Tripoli pour les Turcs, aux côtés du maréchal Haftar pour les Russes. Sur ce point, les Occidentaux se veulent pourtant catégoriques : « La Turquie, la Russie doivent aussi retirer sans délai leurs mercenaires et leurs forces militaires, dont la présence menace la stabilité et la sécurité du pays et de toute la région », a dit le président français, en soulignant un premier pas : le retrait annoncé la veille de 300 combattants tchadiens, « dans les prochaines semaines ».
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