L’appel lancé depuis Washington, vendredi 12 novembre, par le chef de la diplomatie qatarie, Mohammed Ben Abderrahmane Al Thani, à mettre fin au rapprochement avec la Syrie en l’absence d’engagement de Bachar Al-Assad pour une solution politique, tout comme le rappel fait à ses côtés par son homologue américain, Antony Blinken, des atrocités commises par le régime syrien en dix ans de guerre, risquent d’avoir peu d’écho chez leurs partenaires arabes. En envoyant à Damas, le 9 novembre, le ministre des affaires étrangères, le cheikh Abdallah ben Zayed Al Nahyane, Abou Dhabi a repris ses efforts de rapprochement régionaux avec Assad, déterminé à réhabiliter le dictateur syrien et à imposer le retour de la Syrie dans le giron arabe.
« Aux yeux des Emirats arabes unis, Assad va rester au pouvoir et la Syrie est un acteur régional incontournable, donc il est préférable de rétablir les relations afin d’avoir une forme d’influence auprès de Damas, plutôt que de laisser le champ entièrement libre à l’Iran et à la Russie », alliés du régime, décrypte Sam Heller, du centre de réflexion Century Foundation. Le constat n’est pas nouveau à Abou Dhabi. Tête de pont, avec l’Arabie saoudite et le Qatar, de la politique d’isolement de la Syrie, exclue de la Ligue arabe en 2011, les Emirats avaient été les premiers à cesser de soutenir l’opposition armée, inquiets de l’expansion sur le territoire syrien des mouvements islamistes, de l’Iran et de la Turquie.
Après la réouverture de leur ambassade à Damas, fin 2018, ils ont accru leur soutien et leurs échanges économiques avec le régime, en dépit des mises en garde de l’administration américaine. « Les Emirats ont donné plus d’un milliard de dollars [873 millions d’euros] d’aide humanitaire aux zones sous contrôle du régime. Ils sont le troisième pays exportateur de produits vers la Syrie », souligne Joseph Daher, spécialiste de la Syrie à l’université de Lausanne. Les sanctions américaines imposées fin 2019 dans le cadre de la loi César ont toutefois entravé leurs velléités d’investir dans la reconstruction du pays, dévasté par la guerre.
Volonté régionale
Les Emirats sont repartis à l’offensive depuis l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche, qui a mis fin à la politique de « pression maximale » contre l’Iran et ses alliés, mise en place sous Donald Trump. Avec l’appui de la Jordanie et de l’Egypte – et plus discrètement de l’Arabie saoudite –, ils plaident pour une levée des sanctions et la réintégration de la Syrie dans la Ligue arabe. « Il y a une vraie volonté régionale de mettre fin à la période des soulèvements [arabes] et de revenir à une stabilité autoritaire pour permettre la reprise des investissements et la réintégration régionale, en finir avec les groupes djihadistes, et cesser les rivalités avec la Turquie ou le Qatar qui ont beaucoup coûté », poursuit M. Daher.
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