Dans un long entretien ces derniers jours au magazine sportif belge Eddy, Johan Bruyneel est revenu sur les années Lance Armstrong. L’ancien manager du cycliste déchu de ses sept titres sur le Tour de France, estime que le dopage « était l’une des règles du jeu » de l’époque. Il regrette par conséquent « l’acharnement » sur son ancien leader, qui a été une « cible idéale » pour les instances de l’antidopage.
Ancien manager de Lance Armstrong, l’homme qui a été déchu de ses sept titres sur le Tour de France, Johan Bruyneel a été suspendu à vie du monde du cyclisme en octobre 2018. L’ancien cycliste néerlandais, qui avait pris la direction de l’équipe US Postal en 1999 (devenue ensuite Discovery Channel), a été banni pour son implication dans le dopage systémique de sa formation. Dans un long entretien ces derniers jours pour la magazine sportif belge Eddy, l’homme de 57 ans est revenu longuement sur sa carrière.
« Le dopage, à l’époque, c’était l’une des règles du jeu, sauf qu’elle n’était pas écrite »
Si l’affaire Armstrong a eu raison des activités de Johan Bruyneel dans le monde du cyclisme, l’ancien patron du coureur texan a jugé, qu’il « fallait une personne d’une certaine célébrité pour servir d’exemple, pour être sacrifiée ». Cycliste le plus connu de sa génération, Lance Armstrong était donc « la cible idéale ». L’ex-leader de l’équipe US Postal avait finalement confessé s’être dopé en janvier 2013, quelques mois après avoir été suspendu à vie de tous les sports suivis par le code mondial antidopage.
« Propre, tu ne peux pas battre les autres favoris lorsqu’ils sont dopés. Le dopage, à l’époque, c’était l’une des règles du jeu, sauf qu’elle n’était pas écrite, a expliqué encore Johan Bruyneel. On courait tous le risque qu’un jour, quelqu’un brise la loi du silence. Mais jamais je n’aurais pensé que ça allait déboucher sur un tel acharnement contre Lance et moi (…). Moi j’ai connu l’avant-EPO et l’EPO, et dans un cas comme dans l’autre, il n’y avait pas le choix. Déjà quand tu arrives chez les professionnels, tu intègres un monde qui te met très vite face à un dilemme: soit tu t’adaptes et tu te dopes, soit tu disparais. »
Après sa septième victoire lors du Tour de France 2005, Lance Armstrong avait pris une première retraite. Mais l’Américain était revenu dans les pelotons lors de la saison 2009, mettant fin une deuxième fois à sa carrière à l’issue de la saison 2010. Une enquête de l’Agence américaine antidopage (USADA) rayera finalement en 2012 le « Boss » du palmarès de la Grande Boucle (à partir de 1999). Cette enquête concluait que Lance Armstrong avait utilisé des substances dopantes au cours de sa carrière dans le but d’améliorer ses performances.
« Tous les journalistes savaient »
L’USADA avait désigné Lance Armstrong comme le meneur du « programme le plus perfectionné, le plus professionnel et le plus effiacace que le sport ait jamais vu » en matière de dopage. L’EPO était l’un des produits utilisés par Armstrong et ses coéquipiers. « Bien sûr que les dirigeants de l’UCI savaient, a affirmé encore Johan Bruyneel. Mais ils ont fait tout ce qui était en leur pouvoir. Il n’existait pas de méthode clinique pour détecter l’EPO, ils ont donc instauré la règle de l’hématocrite limité à 50%, ce qui prouve qu’ils étaient au courant que le produit dopant circulait. Après ça, c’étaient les transfusions sanguines, indétectables, alors comment faire? »
Pour Johan Bruyneel, « tous les journalistes savaient » pour Lance Armstrong et ses pratiques interdites. Mais ceux-ci ne « voulaient pas salir le sport qu’ils couvraient » et seuls « quelques-uns se sont lâchés ». Pour rappel, Lance Armstrong avait été contrôlé positif aux corticoïdes dès le Tour de France 1999, mais l’UCI avait laissé l’Américain en course, puisqu’il disposait d’une ordonnance médicale pour l’utilisation du médicament interdit. Plusieurs enquêtes et livres ont ensuite mis en cause Lance Armstrong au fil de sa carrière.
Plus de deux décennies après les premières victoires dans le Tour de France de Lance Armstrong, Johan Bruyneel estime néanmoins que les mentalités ont évolué. « Les jeunes, aujourd’hui, il ne faut même pas leur parler de dopage. Cela n’entre pas dans leur raisonnement, assure Bruyneel. C’est complètement étranger à leur culture. Même les vitamines, c’est déjà limite. »
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