Publié le : 13/11/2021 – 10:39Modifié le : 13/11/2021 – 10:46
Après une cérémonie marquée par la pandémie en 2020, cette année la commémoration des attentats du 13 novembre 2015 organisée samedi se déroulera en même temps que le procès, en cours depuis septembre.
Six ans après l’horreur, la commémoration du 13-Novembre organisée samedi s’annonce plus symbolique que jamais, au moment où le procès historique actuellement en cours éprouve les victimes et façonne la mémoire collective de ces attentats.
La pandémie avait empêché les victimes de se rassembler en 2020, avec une cérémonie réduite au minimum pendant le confinement. L’hommage de cette année est lui marqué par l’épreuve du procès, qui ravive depuis septembre avec force détails le souvenir de l’attaque terroriste la plus meurtrière jamais commise en France.
« Le procès nous a tous rapprochés et il y a une envie très forte de se retrouver dans un cadre commémoratif », confie à l’AFP Arthur Dénouveaux, le président de l’association de victimes Life for Paris. « La commémoration va cristalliser un renforcement des liens entre les victimes. »
Accompagné notamment de la maire de Paris, Anne Hidalgo, le Premier ministre Jean Castex doit se rendre au Bataclan, devant le Stade de France et sur des terrasses de cafés à Paris, où des commandos téléguidés par le groupe État islamique (EI) avaient tué 130 personnes et fait plus de 350 blessés en 2015, semant l’effroi dans le pays.
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Cette série d’hommages, qui s’achèvera avec une minute de silence juste avant le match de football France – Kazakhstan (20 h 45) au Parc des Princes, intervient deux semaines à peine après la fin de la première phase du procès, où plus de 350 parties civiles ont retracé à la barre le déroulé de cette soirée apocalyptique.
Stress post-traumatique, culpabilité du survivant, décalage persistant avec le reste de la société… Pendant un mois, les témoignages des victimes et de leurs proches ont révélé les cicatrices indélébiles et l’ampleur des dégâts psychologiques de ces attentats sur des centaines de vies brisées.
Pour affronter le reste de l’audience, qui doit se poursuivre jusqu’à fin mai, « les gens sentent qu’il faut se serrer les coudes », résume Arthur Dénouveaux. « Partager toutes ces expériences à la barre, ça a aussi accru le sentiment d’appartenir à une communauté qui a du sens. »
« Solidarité »
D’où un besoin encore plus fort de participer aux commémorations, « seul moment où une catharsis collective peut se faire », ajoute ce rescapé du Bataclan.
Cette année, son association enregistre une cinquantaine de participants supplémentaires à la cérémonie qu’elle organise à la mairie du 11e arrondissement, après les différents hommages.
« Ca va nous faire du bien de nous retrouver et de faire un peu de ‘calinothérapie’ », avance Stéphanie Zarev, autre rescapée du Bataclan.
« Le procès a sans doute renforcé le besoin d’être ensemble », confirme Philippe Duperron, président de l’autre association de victimes, 13onze15 Fraternité et vérité. « Dans la salle d’audience, il y a eu des regards, des mains tendues, on a ressenti beaucoup de solidarité. »
Son organisation recense elle aussi plus d’inscrits qu’à l’habitude pour le déjeuner qu’elle organise après la cérémonie officielle.
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Cette année, « la commémoration fait figure de marqueur du grand récit partagé qui se construit actuellement au procès », observe l’historien Denis Peschanski, coresponsable du Programme 13-Novembre, un vaste projet de recherche qui étudie l’évolution de la mémoire des attentats sur dix ans.
L’audience et sa retranscription dans la presse « influencent la mémoire collective des Français » et a permis « de compléter le puzzle avec des morceaux qu’on ne connaissait pas encore », constate-t-il.
Ses recherches, menées auprès d’un échantillon représentatif de la population française, montrent qu’au-delà du carnage du Bataclan, le procès a notamment « fait réémerger les lieux du 13-Novembre dans leur globalité », grâce notamment aux témoignages des victimes du Stade de France et des terrasses, que le grand public avait progressivement tendance à oublier.
Six ans après ces attentats, la menace terroriste reste très élevée en France, mais prend désormais de nouvelles formes.
Comme l’ont montré les assassinats de la fonctionnaire de police Stéphanie Monfermé en avril à Rambouillet (Yvelines), ou de l’enseignant Samuel Paty en octobre 2020, elle est désormais portée par des assaillants plus « autonomes » dont le lien avec les organisations terroristes, qui ne revendiquent plus systématiquement leurs actions, s’est largement distendu.
Avec AFP
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