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A l’approche des manifestations de l’opposition, le pouvoir cubain se montre ferme

Le président cubain Miguel Diaz-Canel en visite dans le quartier de Los Pocitos, à Marianao, l’une des municipalités de la Havana, le 12 novembre 2021. ALEJANDRO AZCUY / AFP

Depuis des semaines, l’opposition cubaine a annoncé son intention de manifester, lundi 15 novembre à la Havane et dans six provinces du pays, pour réclamer la libération des prisonniers politiques. Elle avait maintenu, jeudi, son appel à défiler, malgré l’interdiction des autorités communistes qui ont brandi la menace de poursuites pénales.

Devant cette insistance, le président cubain Miguel Diaz-Canel a haussé le ton, vendredi 12 novembre, lors d’une allocution télévisée.

Face à « une stratégie de l’empire [les Etats-Unis] pour tenter de détruire la révolution », « nous sommes sereins, sûrs de nous, mais attentifs et vigilants, et nous sommes aussi prêts à défendre la révolution, pour affronter toute action d’ingérence contre notre pays », a déclaré le président. « Nous sommes une révolution ouverte au dialogue, au débat », a-t-il ajouté, « mais nous sommes une société fermée à la pression, au chantage et aux ingérences étrangères ».

« Ils m’ont même dit à quelle prison ils allaient m’emmener »

Jeudi, Yunior Garcia, principal organisateur de la manifestation, avait annoncé son intention de défiler seul dimanche sur une avenue de La Havane, au lieu de lundi comme prévoyait l’appel à manifester, pour éviter toute violence. Il avait alors expliqué craindre que le gouvernement communiste ne mobilise, lundi, les forces de l’ordre pour agresser des manifestants ou infiltrer des défilés pour provoquer des troubles.

Mais vendredi, il a déclaré avoir été menacé par les forces de l’ordre d’être arrêté s’il mène ce projet à bien.

« Ils m’ont dit qu’ils ne vont pas me laisser manifester, ils m’ont même dit à quelle prison ils allaient m’emmener », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) le dramaturge de 39 ans, qui affirme avoir été interrogé par un agent de la sécurité de l’Etat, accompagné d’une psychologue. Mais « il n’y a rien qui m’interdit de manifester dimanche, absolument rien, donc je ne vais pas me cacher », a-t-il ajouté.

Arrestation de Guillermo Fariñas

Par ailleurs, le dissident Guillermo Fariñas a été arrêté, vendredi, à Santa Clara (centre), a fait savoir sa mère Alicia Hernandez, à l’AFP. « Une ambulance et deux patrouilles de police sont venues et l’ont emmené à l’hôpital Arnaldo Milian Castro », a-t-elle ajouté, précisant que son fils, âgé de 59 ans, est actuellement traité sous antibiotiques pour une infection urinaire. « Ils m’ont dit que demain [samedi] une procureure va lui rendre visite pour le mettre en examen, mais nous ne savons pas pour quoi ».

Guillermo Fariñas, 59 ans, prix Sakharov de la liberté de l’esprit du Parlement européen 2010, a observé 23 grèves de la faim au cours des années 2000 pour protester contre le gouvernement, ce qui a considérablement affaibli sa santé, une source d’inquiétude pour ses proches. Psychologue de formation, journaliste indépendant et militant des droits de l’homme, il a rejoint l’Union patriotique de Cuba (Unpacu), l’organisation d’opposition la plus active à Cuba, dirigée par José Daniel Ferrer, actuellement en prison.

Ce bras de fer survient dans un contexte de profonde crise économique et quatre mois après les manifestations historiques du 11 juillet qui avaient vu des milliers de Cubains descendre dans la rue aux cris de « Liberté » ou « On a faim ». Ces rassemblements se sont soldés par un mort, des dizaines de blessées et l’arrestation de 1 175 personnes, dont 612 sont toujours emprisonnées, selon l’ONG de défense des droits humains Cubalex.

Le gouvernement cubain, qui nie l’existence de prisonniers politiques à Cuba, considère comme illégale l’opposition, qu’il accuse d’être financée par Washington pour tenter de renverser le régime.

Le Monde avec AFP

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