Douche froide pour le camp protestataire en Thaïlande : la Cour constitutionnelle a jugé, mercredi 10 novembre, que les actions de trois militants impliqués dans la formulation d’une liste de « dix demandes » de réformes de l’institution royale constituaient une tentative de renversement de la monarchie constitutionnelle.
Ces demandes, initialement énoncées par l’avocat Anon Nampa et l’étudiante Panusaya Sithijirawattanakul – cette dernière les énuméra même sur scène au sein d’un campus universitaire –, remontent au mois d’août 2020. Ce moment devait marquer le début d’une « fronde » sans précédent d’étudiants et de jeunes urbains contre les pouvoirs excessifs de la monarchie, jusque-là intouchable dans l’ex-royaume de Siam.
Explosions de colère
« Je ne respecte pas la décision de la cour… elle est inacceptable », a déclaré le jour même la jeune Panusaya, 23 ans, qui avait été libérée sous caution mais reste visée par huit charges de lèse-majesté. En signe de protestation, des militants ont mis le feu, devant le tribunal, à une reproduction du « Monument de la démocratie », qui trône au centre d’un carrefour du Bangkok historique. Les réseaux sociaux ont explosé de colère et des manifestations sont attendues. La cour avait été saisie par un avocat royaliste.
Cette décision est lourde d’implications pour la campagne en cours contre la loi de lèse-majesté, l’article 112 du code pénal. Depuis un grand rassemblement, le 31 octobre, et la pétition pour l’amender (plus de 223 000 signatures collectées), les partis politiques de l’opposition sont sortis du bois au nom des aspirations de la jeunesse. Avec toute la prudence possible, car s’attaquer à cette loi est aussi jugé anticonstitutionnel : « Ne détruisez pas ce qu’on respecte ! », avait mis en garde, le 3 novembre, le premier ministre Prayuth Chan-ocha.
Des élections locales prévues pour la fin du mois pourraient servir de premier test de popularité des propositions de réforme. Les responsables du parti Pheu Thai, lié à l’ancien premier ministre Thaksin Shinawatra – renversé par l’armée en 2006 –, viennent de faire savoir qu’ils souhaitaient déterminer si des « officiels avaient abusé de leur pouvoir » [dans l’usage de la loi de lèse-majesté] ; ils veulent également débattre des moyens d’empêcher que l’article 112 puisse être utilisé abusivement pour faire taire les opposants politiques. C’est une première : le Pheu Thai, qui cumule le plus grand nombre de sièges au Parlement, avait jusqu’alors promis de ne pas toucher à la législation. Cet aggiornamento doit permettre à l’opposition de proposer des amendements.
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