Alors que la COP26 doit jouer les prolongations samedi, le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a exhorté les pays riches à augmenter leurs aides en faveur des pays les moins développés pour leur permettre de réduire leurs émissions et de se préparer aux effets du changement climatique.
Plus de « cash » pour le climat. Le Premier ministre britannique Boris Johnson a appelé, vendredi 12 novembre, les pays riches à « mettre l’argent sur la table » pour arracher un accord à la COP26, capitale pour lutter contre le réchauffement, alors que d’âpres tractations se poursuivaient sur l’aide aux pays pauvres et les énergies fossiles.
Tôt dans la matinée, la présidence britannique de cette conférence sur le climat a publié un nouveau projet de déclaration finale, mais la session plénière de l’après-midi a mis en lumière les divergences toujours importantes parmi les quelque 200 pays signataires de l’accord de Paris en 2016.
Un échec à cette COP jugée cruciale pour l’avenir de l’humanité mettrait encore un peu plus en danger l’objectif de l’accord de Paris de limiter le réchauffement de la planète à « bien en deçà » de +2 °C par rapport à l’ère pré-industrielle, si possible +1,5 °C.
Le monde se dirige toujours vers un réchauffement « catastrophique » de +2,7 °C, selon l’ONU, malgré les nouveaux engagements à l’échéance 2030 annoncés juste avant et depuis le début de la COP.
Un des points les plus disputés : l’enveloppe financière pour aider les pays les plus pauvres – les moins responsables du changement climatique mais en première ligne face à ses impacts – à réduire leurs émissions et à se préparer à affronter tempêtes, canicules et sécheresses qui se multiplient.
« Il faut mettre l’argent sur la table pour aider les pays en développement à faire les changements nécessaires. (…) C’est ce qui doit se passer dans les heures qui viennent », a insisté Boris Johnson sur la BBC vendredi après-midi. Dès avant la conférence, il avait fait du « cash » une de ses priorités.
« On ne pourra pas tout avoir à la COP, mais on peut commencer », a-t-il ajouté, semblant moins optimiste qu’avant le début de cette conférence de parvenir à son objectif proclamé de « garder 1,5 °C vivant ».
Des engagements jugés insuffisants
En 2009, les pays du Nord avaient promis de porter à partir de 2020 leur aide climat au Sud à 100 milliards par an. Mais la promesse n’est toujours pas tenue, aiguisant le ressentiment des pays en développement dans un contexte de crise sanitaire qui ajoute à leur fardeau.
Le projet de déclaration appelle les pays riches à remplir, et même aller au-delà, de leur promesse non tenue. Et à doubler d’ici 2025 l’aide spécifiquement consacrée à l’adaptation aux effets du changement climatique, alors que c’est le financement des réductions d’émissions qui capte 75 % du total.
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Mais ces engagements ne suffisent pas, insistent les pays en développement. « Notre confiance a été brisée », a notamment souligné le représentant du Kenya.
Les plus pauvres, qui comptent pour une part insignifiante des émissions mondiales, insistent également pour que les financements prennent en compte les « pertes et préjudices » qu’ils subissent déjà à un rythme de plus en plus fréquent.
Mais sur ce point, le projet de déclaration propose juste d’accélérer la mise en œuvre de dispositifs déjà prévus, sans objectifs chiffrés dans le temps.
« Nous sommes extrêmement déçus » que la proposition d’un dispositif spécifique n’ait pas été retenue, a lancé le représentant guinéen au nom du groupe G77 + Chine (plus de 100 pays en développement et émergents).
« Nous voulons voir notre proposition dans le texte », a-t-il insisté, d’autant « qu’elle a été faite par la totalité du monde en développement », grands pays émergents compris.
« La folie » des subventions aux énergies fossiles
Toutes enveloppes confondues, les estimations de besoins de financements des groupes de pays moins développés vont maintenant de 750 milliards à 1 300 milliards de dollars par an. Une fourchette confirmée par un projet de rapport du Giec obtenu par l’AFP.
Autre question brûlante au cœur des négociations qui devaient officiellement se terminer à 18 h GMT, mais qui entrent sans surprise dans les prolongations, les énergies fossiles, principales responsables du réchauffement de la planète.
Alors que l’accord de Paris ne mentionnait pas les énergies fossiles, le dernier projet de déclaration prévoit l’inclusion – adoucie par rapport à la première version – de la sortie de leur financement.
Une mention soutenue notamment par l’UE et les États-Unis. L’émissaire américain John Kerry a même fustigé les subventions massives à ces énergies qui sont « la définition même de la folie ».
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De manière plus générale, pour tenter de limiter le réchauffement, le texte provisoire de la présidence britannique appelle les États membres à relever leurs engagements de réduction d’émissions plus régulièrement que prévu dans l’accord de Paris, et ce dès 2022. Même si la possibilité d’aménagements pour « circonstances nationales particulières » a été ajoutée.
Mais alors que le pacte climatique de 2015 prévoit que les signataires rehaussent leurs ambitions tous les cinq ans – la prochaine révision étant prévue en 2025 –, certains pays s’opposent à ce qu’ils jugent être une « réécriture » de l’accord.
« Nous n’allons pas pouvoir stopper le réchauffement à Glasgow, il faut l’accepter, mais on peut garder en vie la perspective de restreindre l’augmentation de la température de la planète à +1,5 °C d’ici la fin du siècle », a commenté Boris Johnson.
Alors que chaque dixième de degré multiplie les événements extrêmes, « c’est beaucoup mieux que (…) +2 °C ou plus ».
Avec AFP
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