Birmanie : un journaliste américain condamné à 11 ans de prison

Publié le : 12/11/2021 – 08:18

Le journaliste américain Danny Fenster a été condamné à 11 ans de prison par la justice birmane pour trois chefs d’accusation, a indiqué vendredi 12 novembre son employeur, le média Frontier Myanmar. Détenu depuis mai par la junte en Birmanie, il a également été inculpé de terrorisme et de sédition mercredi dans une autre affaire, risquant cette fois-là la prison à vie s’il est condamné.

« Frontier Myanmar est profondément déçu de la décision prise aujourd’hui de condamner son rédacteur en chef Danny Fenster pour trois chefs d’accusation (incitation à la dissidence, association illégale, violation de la loi sur l’immigration) à des peines de prison d’une durée totale de 11 ans », a déclaré le média dans un communiqué.

Son procès se tient à huis clos dans l’enceinte de l’établissement pénitentiaire.

Mercredi, les États-Unis avaient appelé la Birmanie à libérer « immédiatement » Danny Fenster. « Son maintien en détention est inacceptable. Le journalisme n’est pas un crime », a réagi un porte-parole de la diplomatie américaine.

Arrêté au moment où il tentait de quitter la Birmanie, en mai, ce journaliste est également visé par « deux chefs d’accusation en vertu de l’article 50(a) de la loi antiterroriste et de l’article 124(a) du code pénal », a déclaré mercredi à l’AFP son avocat Than Zaw Aung lors de l’annonce des nouvelles inculpations.

Une condamnation au titre de la loi antiterroriste est passible d’une peine allant jusqu’à la prison à vie.

Âgé de 37 ans, Danny Fenster est détenu à la prison d’Insein près de Rangoun. « Il est devenu très maigre », a déclaré Than Zaw Aung. L’avocat a ajouté que le journaliste était « déçu » d’être visé par ces nouvelles accusations, qui ont été déposées mardi.

Une presse étranglée

« Le cas de Danny est devenu emblématique du mépris total que les militaires birmans ont pour les médias indépendants », a déclaré Emerlynne Gil, une responsable régionale d’Amnesty International, dans un communiqué.

« Ces nouvelles sévères accusations ne font que davantage souligner la tentative maladroite de poursuivre un journaliste indépendant qui devrait être libéré immédiatement et sans conditions afin qu’il puisse retrouver sa famille et ses amis. »

Le journaliste pourrait avoir contracté le Covid-19 pendant sa détention, ont affirmé des membres de sa famille à l’occasion d’une conférence téléphonique avec des journalistes américains en août.

La Birmanie a sombré dans le chaos depuis le putsch militaire du 1er février qui a mis fin à une parenthèse démocratique de dix ans.

Le régime poursuit une sanglante répression contre ses opposants avec plus de 1 200 civils tués et plus de 7 000 en détention, selon l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP). Cette ONG locale signale des cas de tortures, de viols et d’exécutions extrajudiciaires.

La presse est étranglée par la junte qui tente de renforcer son contrôle de l’information, limitant l’accès à Internet et annulant les licences des médias.

Plusieurs journalistes critiques à l’égard du gouvernement militaire figuraient parmi les personnes libérées le mois dernier au cours d’une amnistie accordée par la junte à l’occasion d’un festival bouddhiste.

Plus de 100 journalistes ont été arrêtés depuis le putsch, selon Reporting Asean, une association de défense des droits, qui souligne que 31 d’entre eux sont toujours en détention.

Avec AFP