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Au Soudan, le général Al-Bourhane nomme un nouveau conseil de souveraineté

Le général Abdel Fattah Al-Bourhane a nommé, jeudi 11 novembre, un nouveau conseil de souveraineté excluant les représentants du bloc qui réclame un transfert du pouvoir au civil. ASHRAF SHAZLY / AFP

Le général Abdel Fattah Al-Bourhane, auteur d’un coup d’Etat militaire au Soudan à la fin d’octobre, a nommé jeudi 11 novembre un nouveau conseil de souveraineté, dont ont été exclus les représentants du bloc réclamant un transfert du pouvoir aux civils.

Après la chute en 2019 du dictateur Omar El-Bechir, un conseil de souveraineté, composé alors de civils et de militaires, avait été mis en place pour chapeauter la transition vers la démocratie sous la présidence du général Al-Bourhane. Mais ce dernier a dissous, le 25 octobre, toutes les institutions décrétant également l’état d’urgence et arrêtant la plupart des dirigeants civils du pays.

Depuis des jours, les militaires annonçaient la formation « imminente » d’autorités pour mener le pays vers des élections libres. Ils assuraient alors seulement avoir dû écarter des dirigeants civils qui n’étaient pas d’accord avec eux sur le chemin à prendre vers la démocratie. Le gouvernement – dont plusieurs ministres sont toujours détenus et le premier ministre Abdallah Hamdok est en résidence surveillée – n’a, lui, jusqu’ici pas été remplacé et ses membres continuent de se revendiquer comme les seules autorités « légitimes » du pays.

Le général Al-Bourhane toujours président du conseil

Avec son décret de jeudi soir, le général Bourhane conserve la présidence du conseil de souveraineté, a annoncé la télévision d’Etat. Le général Mohamed Hamdan Daglo, dit « Hemedti », à la tête d’un groupe paramilitaire, les Forces de soutien rapide, accusé d’exactions dans la région du Darfour (ouest) ou lors de la répression de la révolte anti-Bechir, reste son numéro deux.

Le nouveau conseil de souveraineté compte toujours 14 membres. Seuls 13 noms ont toutefois été annoncés par la présentatrice de Sudan TV. Le quatorzième membre doit représenter l’est du pays, où des manifestants ont bloqué pendant un mois et demi Port-Soudan et ses docks. Sur les treize noms déjà annoncés, seuls quatre sont nouveaux. En lieu et place des quatre représentants des Forces de la liberté et du changement (FLC), l’union des forces civiles née de la révolte anti-Bechir, quatre personnalités non partisanes ont été choisies.

Parmi elles, Abou Al-Qassem Bortoum, un homme d’affaires qui avait plaidé la normalisation avec Israël, posée comme condition par Washington pour sortir le Soudan de sa liste noire des Etats soutenant le « terrorisme ». M. Bortoum, 55 ans, a été député sous Omar El-Bechir et gère aujourd’hui des compagnies agricoles et de transport.

Autre nouveau membre du conseil : Salma Al-Moubarak, issue d’une grande famille soufie du Soudan. Sans passé politique, elle est la deuxième femme du conseil avec Raja Nicola, la représentante de la minorité chrétienne copte qui conserve son poste. Quant aux neuf membres qui se maintiennent au conseil de souveraineté, ce sont des représentants de l’armée ou de groupes rebelles armés ayant signé fin 2020 la paix avec Khartoum, après des années de conflits meurtriers aux quatre coins du pays.

L’Occident réclame un « retour à l’ordre constitutionnel »

L’Organisation des Nations unies a estimé, jeudi soir, que ces développements étaient « très préoccupants ». « Nous voulons voir la reprise de la transition dès que possible » et « la remise en liberté du premier ministre Hamdok, comme celle des autres responsables politiques et dirigeants qui ont été arrêtés », a ajouté le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, lors de son point-presse quotidien.

De son côté, le Conseil de sécurité de l’ONU a tenu dans la matinée une réunion à huis clos sur le Soudan, prévue au programme de sa semaine de travail. Aucune déclaration commune n’a suivi cette rencontre. Moscou a continué, pendant la réunion, à soutenir le général Al-Bourhane, soulignant que ce dernier était essentiel pour garantir la stabilité du pays, a rapporté un diplomate sous couvert d’anonymat.

« Nous restons gravement préoccupés par les informations sur de nouvelles actions unilatérales des militaires qui vont à l’encontre de l’esprit et de la lettre de la déclaration constitutionnelle », a toutefois déclaré l’ambassadrice britannique à l’ONU, Barbara Woodward, à l’issue de la réunion. Jeudi, l’émissaire de l’ONU, Volker Perthes, a fait savoir au conseil « d’une manière très directe que la fenêtre se refermait maintenant pour le dialogue et une résolution pacifique » de la crise, a-t-elle ajouté.

Mardi, les trois pays à la manœuvre sur le dossier soudanais depuis des années – la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et la Norvège – avaient appelé le général Al-Bourhane à ne pas prendre de « décision unilatérale », l’exhortant aussi à réinstaller le premier ministre Hamdok dans ses fonctions. Puis, jeudi, les ambassadeurs européens ont rencontré la ministre des affaires étrangères déposée Mariam Al-Sadeq Al-Mahdi, demandant une nouvelle fois « le retour à l’ordre constitutionnel » et « la libération immédiate des détenus », ministres, manifestants, militants et même passants, arrêtés ces dernières semaines. Ces arrestations en masse n’ont, malgré tout, pas entamé la détermination des partisans d’un transfert du pouvoir au civil. Ils appellent à une nouvelle « manifestation du million » samedi.

Le Monde avec AFP

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