Carte blanche. A partir de janvier 2022, la France assurera pendant six mois la présidence du Conseil de l’Union européenne (UE). C’est l’occasion de prendre la mesure du chemin parcouru depuis les années 1950 et de préciser les contours d’un avenir possible dans un monde d’« après-Covid ». On sait qu’au sortir de la seconde guerre mondiale et des compromissions nazies, les sciences ont dû se refonder. Les chercheurs européens ont d’abord voulu construire une communauté scientifique par la mutualisation de ressources matérielles et humaines – songeons aux réussites que sont l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN), l’Agence spatiale européenne (ESA) ou le Laboratoire européen de biologie moléculaire (EMBL).
Le rapport de l’Unesco sur la science, rendu public en juin, affirme que, si le contexte pandémique a vu un renforcement des cadres nationaux pour les politiques de santé, en matière de recherche scientifique, c’est l’inverse qui s’est produit. Les chercheurs européens en médecine ont été aux avant-postes de l’open access, du partage international de données et de l’échange d’informations sur les essais cliniques. Susan Schneegans, qui a dirigé le rapport, souligne que les différentes crises récentes, comme le Brexit, ont encouragé les transformations articulant la transition verte avec la transition numérique.
Les défis restent cependant nombreux dans une Europe post-Brexit. Si le 2 mars 2018, la première ministre britannique avait affirmé l’intention de son gouvernement de rester dans les agences européennes, cette possibilité a été exclue par le mécanisme de sortie de l’Union. Alors que l’Agence européenne des médicaments a déménagé de Londres à Amsterdam, la Grande-Bretagne a rappelé cependant qu’elle ne quittera ni l’Agence spatiale européenne ni le CERN, qui sont des organisations internationales. Elle a négocié sa participation en tant qu’Etat tiers dans le programme européen pour la recherche et l’innovation Horizon Europe (2021-2027).
L’UE a pris conscience de sa culture scientifique singulière fondée sur la collaboration qui la place en tête devant la Chine, le Japon ou les Etats-Unis
Alors que la crise du Brexit pointe le danger d’un affaiblissement relatif du poids de l’investissement dans la recherche de l’UE, cette dernière occupe encore la première place en termes de densité de chercheurs (23,5 % des chercheurs dans le monde), comme de publications scientifiques avec 28,6 % en 2019 (contre 24 % pour la Chine). Sa productivité a augmenté de 7 % entre 2015 et 2019. Les publications cosignées par des scientifiques de l’UE ont, elles aussi, progressé de 41 à 47 %.
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