EDF s’est dit prêt mercredi à construire de nouveaux EPR en France, au lendemain du feu vert du président Emmanuel Macron, mais beaucoup de questions restent encore à élucider.
« EDF a beaucoup travaillé avec la filière nucléaire pour pouvoir affirmer que nous sommes prêts. Nous sommes prêts », a assuré le PDG du géant de l’électricité, Jean-Bernard Lévy, lors d’une audition au Sénat.
Emmanuel Macron a annoncé mardi que la France allait relancer un programme nucléaire et construire de nouveaux réacteurs sur son sol, en reportant toutefois à plus tard les précisions sur ces futurs EPR.
« Nous allons, pour la première fois depuis des décennies, relancer la construction de réacteurs nucléaires dans notre pays et continuer de développer les énergies renouvelables », a dit le président lors d’une allocution télévisée.
La France – qui dépend majoritairement du nucléaire pour produire son électricité mais dont le parc de centrales vieillit – ne construit actuellement qu’un seul réacteur de nouvelle génération, sur le site de Flamanville (Manche).
Il doit démarrer fin 2022 après maints retards et l’exécutif a finalement renoncé à attendre cette échéance pour prendre des décisions sur les futurs réacteurs.
Pour ces derniers, « nous avons proposé qu’une première étape soit de construire six réacteurs sur trois sites », a rappelé Jean-Bernard Lévy.
Le site nucléaire de Penly, en Seine-Maritime, le 6 avril 2012 (AFP/Archives – CHARLY TRIBALLEAU)
Les implantations envisagées, qui avaient déjà été annoncées, sont sur les sites de centrales déjà existantes: d’abord à Penly (Seine-Maritime), près de Dieppe, puis à Gravelines (Nord) et enfin à Bugey (Ain) ou bien Tricastin (Drôme).
« Il s’agit de changer de dimension, changer de braquet », a souligné le PDG d’EDF. « Les moyens, les compétences, la productivité des équipes sont évidemment quelque chose qui me préoccupe beaucoup », a-t-il indiqué.
Après les déboires de Flamanville, EDF s’est lancé dans un programme d’amélioration industrielle et met par ailleurs en avant son expérience dans la construction de nouveaux réacteurs à Taishan en Chine – où deux exemplaires sont en fonctionnement – ainsi qu’en Angleterre, où deux autres sont en construction avancée.
– Des questions nombreuses –
« Le sujet qui est le plus urgent pour nous, c’est de lancer la phase qui va conduire à ce que nous ayons toutes les autorisations pour commencer à construire », a dit M. Lévy.
Mais au-delà du feu vert de principe, Emmanuel Macron n’a pas donné de précisions mardi soir sur le nouveau programme qui doit être engagé.
« Le président aura l’occasion de s’exprimer dans les prochaines semaines sur ce sujet-là pour donner des précisions à la fois d’ordre technique -le type de réacteur- et de calendrier », a indiqué Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, sur France info.
Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire à l’Elysée, le 3 novembre 2021 (AFP – GEOFFROY VAN DER HASSELT)
Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a aussi dit qu’il ne pouvait pas préciser à ce stade le nombre de réacteurs qui seraient construits. « Combien il en faudra ? Est-ce que c’est 6 ? Est-ce que c’est 8 ? Est-ce que c’est 10 ? Je ne peux pas vous le dire, (…) ça dépendra du niveau d’ambition que nous nous fixons » en termes d’électrification, a-t-il déclaré sur France Inter.
Un certain nombre de sujets brûlants restent ainsi à éclaircir, notamment d’ordre financier: « Quelle sera la nature des recettes de ces réacteurs ? », « Comment tout cela peut se financer puisque chacun sait qu’EDF est extrêmement endetté? », a souligné M. Lévy.
Outre le défi industriel, la Cour des comptes avait pointé l’an dernier l’enjeu financier « majeur » d’un tel programme, chiffrant le coût de construction de six EPR de nouvelle génération (EPR2) à 46 milliards d’euros.
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