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De 50 à 17 000 dollars par mois : aux Etats-Unis, en fonction de votre assurance, le yoyo du prix des médicaments

LETTRE DE NEW YORK

Le sénateur Menendez appelé à soutenir le projet autorisant Medicare à négocier le prix des médicaments, à Belmar (New Jersey), le 5 septembre 2021. DAVE KOTINSKY / GETTY IMAGES / AFP

Le diagnostic n’était pas réjouissant, mais il existait un médicament pour contenir la maladie : au printemps 2020, la médecin septuagénaire Sally Pinkstaff a commencé à prendre chaque jour un comprimé de Revlimid. Ce médicament fabriqué par le laboratoire Bristol Myers Squibb est censé ralentir la progression du myélome, un cancer de la moelle osseuse. « Je travaillais encore à l’époque, se souvient cette spécialiste du diabète de Baltimore. Le premier mois, en juin, j’ai payé 50 dollars [43 euros]. »

Sauf qu’à l’été 2020, Mme Pinkstaff a pris sa retraite, perdu son assurance privée et basculé, comme c’est la norme, dans le régime de santé publique des retraités Medicare. Et là, c’est le choc : elle découvre le prix de son médicament, environ 17 000 dollars par mois, et arrête de le prendre en juillet, le temps d’y voir plus clair dans ses finances. L’addition est douloureuse, malgré son assurance Medicare : « En août, j’ai dû payer 3 075 dollars pour vingt et une pilules », confie-t-elle. Les mois suivants, l’addition atteint 936 dollars. Au total, la retraitée a dû payer pour ses médicaments 6 657 dollars en 2020.

Cette mésaventure a été l’occasion pour Sally Pinkstaff d’explorer les méandres de la facturation des médicaments pour les retraités. Son assurance fonctionne sur le système très complexe mais classique des Etats-Unis : première étape, les 425 premiers dollars de médicament sont à votre charge ; deuxième étape, vous devez payer le quart du prix de vos médicaments, ce qui explique la facture mirobolante du mois d’août : troisième étape, si votre « reste à charge » personnel dépasse les 6 350 dollars, niveau qualifié très officiellement de « catastrophique » par Medicare, vous ne payez plus « que » 5 % du prix catalogue de votre médicament, ce qui a donc fait tomber les mensualités à 936 dollars.

En 2021, rebelote : une facture énorme de 3 175 dollars en janvier, qui se réduit à partir de février à 936 dollars, les plafonds « catastrophiques » ayant été dépassés. Mme Pinkstaff a cherché à réduire son addition. Elle a donc fait toute une série de demandes auprès de Brystol Myers Squidd pour obtenir la gratuité de son traitement. « Si vous payez plus de 3 % de votre salaire annuel en médicaments, vous pouvez être éligible à la gratuité. Ils l’ont approuvé à partir de juillet », nous explique Mme Pinkstaff, qui aura quand même payé 7 854 dollars en 2021.

110 000 dollars par an pour le Revlimid

Comme toujours, le système américain comporte des filets de sécurité, légaux avec le fameux niveau « catastrophique » atteint chaque année par 1,5 million d’Américains, ou associatifs. Encore faut-il savoir y naviguer. « La plupart des gens ne seraient pas capables d’accomplir toutes les démarches que j’ai faites. Ils n’arriveraient pas à fournir tous les documents demandés », précise Sally Pinkstaff. Perdus dans la bureaucratie et incapables d’avancer la trésorerie nécessaire, certains Américains sont conduits à ne pas se soigner, comme l’a fait Mme Pinkstaff pendant un mois.

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