Boris Johnson a-t-il ouvert une boîte de Pandore en déclenchant, malgré lui, un débat corrosif sur la corruption au sein de son gouvernement, du Parti conservateur, et même au cœur de ses propres pratiques ? Ces derniers jours, les médias britanniques multiplient les révélations sur ces députés tories généreusement payés pour des missions de conseil, sur la pratique du « cash for honours » – les donateurs les plus généreux du Parti conservateur sont gratifiés d’un titre de Lord – ou sur ces vacances au soleil que le premier ministre multiplie grâce à la générosité d’amis milliardaires.
Lundi 8 novembre, lors d’un débat extraordinaire à la Chambre des communes réclamé par les partis d’opposition, Keir Starmer, le chef de file des travaillistes, a lâché ses coups, accusant Boris Johnson d’avoir « donné le feu vert à la corruption » et en le traitant de « lâche » – le dirigeant a prétexté une visite à un hôpital du nord de l’Angleterre pour éviter d’affronter les élus. Le même jour, lors d’une rencontre virtuelle avec la presse étrangère, la première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, autre grande opposante de M. Johnson, a aussi estimé qu’« il y a de plus en plus de preuves que la corruption est au cœur de son gouvernement. Ce type de comportements n’étonnerait pas en Russie ou en Chine ». Même John Major, l’ancien premier ministre conservateur, a qualifié le gouvernement Johnson de « corrompu ».
Tout est parti d’une manœuvre destinée, à première vue, à éviter à Owen Paterson, un député conservateur, la mesure disciplinaire qui le menaçait, la commissaire indépendante chargée des règles du Parlement, Kathryn Stone, ayant conclu qu’il avait violé les règles du lobbying. M. Paterson, ex-ministre britannique délégué à l’Irlande du Nord, a été rémunéré presque 9 000 livres sterling par mois (environ 10 000 euros) par deux sociétés pour plaider leur cause auprès du gouvernement. L’une des deux entreprises, le laboratoire pharmaceutique Randox, a décroché de généreux marchés publics au plus fort de la crise pandémique.
Downing Street a imposé un vote aux Communes, le 3 novembre, pour différer la sanction contre M. Paterson (une suspension de trois mois) mais aussi réformer la commission chargée des règles. Aux tories qui ne s’exécutaient pas, il aurait même menacé de les priver de fonds pour leur circonscription, ont avancé certains journaux.
Réclamation d’une enquête
Ce vote forcé a été immédiatement dénoncé par l’ensemble des médias, provoquant une volte-face du gouvernement, qui a annoncé ne plus s’opposer à la sanction contre M. Paterson (ce dernier a démissionné dans la foulée de son poste de député). Steve Barclay, le chancelier du duché de Lancaster, a reconnu une « erreur ». Mais le mal était fait et la machine à critiques s’est emballée.
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