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Au Soudan, un retour aux méthodes répressives de l’ancien régime

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Un homme devant une fresque peinte en hommage à la révolution du 6 avril 2019 dans l’un des quartiers révolutionnaires d’Omdourman, le 7 novembre 2021. ABDULMONAM EASSA POUR «LE MONDE»

Il y a, au Soudan, un air de déjà-vu depuis le coup d’Etat du 25 octobre. La junte conduite par le général Abdel-Fattah Al-Bourhane n’a pas seulement renversé les autorités de la transition qui devait aboutir, en 2023, à des élections démocratiques. Elle œuvre aussi à ramener le pays presque deux ans en arrière, à l’époque du régime « kezan », celui de l’ex-dictateur, Omar Al-Bachir, renversé, en avril 2019, au terme de quatre mois de révolution populaire.

On l’observe déjà aux méthodes employées pour tenter d’écraser le soulèvement populaire déclenché par le coup d’Etat. De nouveau sont lâchées dans les rues des flottes de pick-up avec, à leur bord, des éléments armés, certains en civil, qui dispersent les manifestants par la violence, y compris avec des tirs à balles réelles, ou de gaz lacrymogène dans les maisons. Les passages à tabac se multiplient, touchant même les familles des personnes suspectées de faire partie des structures clandestines de la contestation. Les comités de résistance ont retrouvé leur organisation de 2019. Mais la répression bat son plein. Une centaine d’arrestations ont déjà eu lieu, touchant les responsables de la contestation et des figures de la sphère politique, comme Yassir Arman, numéro deux d’un ancien groupe armé rebelle, le SPLM-Nord (Mouvement populaire de libération du Soudan), qui était devenu le conseiller du premier ministre de la transition, Abdallah Hamdok, et avait refusé de fuir le Soudan lors du putsch. Un représentant de l’Association des professionnels soudanais évalue à 270 le nombre d’arrestations dans tout le pays.

Abdallah Hamdok, le « technocrate » qui a fait toute sa carrière dans les institutions internationales, avant de rentrer au Soudan, en 2019, pour prendre la tête du gouvernement de transition, est désormais en résidence surveillée à son propre domicile. Sa garde vient d’en être renforcée. Le premier ministre déchu a des problèmes de santé, notamment du diabète pour lequel il a demandé d’avoir la possibilité d’effectuer ses analyses habituelles avec son médecin. Mais c’est celui du général Al-Bourhane qui s’est présenté à lui. Les militaires de la junte espèrent qu’à force de pressions M. Hamdok finira par plier et par prendre la tête d’un gouvernement fantoche, susceptible de convaincre les institutions financières internationales de poursuivre la normalisation du Soudan et de permettre au pays d’accéder à des facilités d’emprunt sans lesquelles aucune amélioration de l’économie n’est envisageable.

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