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« Que sera une diplomatie sans diplomates, dans un monde de plus en plus imprévisible et complexe ? »

Tribune. La réforme de la fonction publique engagée par le gouvernement prévoit, à partir du 1er janvier 2023, d’uniformiser les recrutements des fonctionnaires et de leurs encadrants. Elle prétend ainsi vouloir fluidifier les carrières et faciliter les mobilités. Pourtant, les concours spécialisés au ministère de l’Europe et des affaires étrangères coexistent déjà avec une ouverture considérable aux profils extérieurs : le Quai d’Orsay est l’une des administrations les plus ouvertes et diversifiées (52 % des agents sont contractuels, 20 % de l’encadrement n’est pas issu du corps diplomatique).

Notre diplomatie fait face à un risque de disparition. La suppression de voies de recrutement dédiées au ministère de l’Europe et des affaires étrangères privera le réseau diplomatique français de talents précieux. Alors que, par nature, ce métier s’exerce à l’étranger, exige des compétences spécifiques et constitue ainsi une vocation. Parler avec la Russie, la Chine, l’Egypte, et, comme on l’a vu récemment, même avec des alliés proches comme les Etats-Unis ou l’Australie, nécessite de s’appuyer sur un réseau de femmes et d’hommes qui ont consacré leur vie à comprendre et analyser ces dynamiques.

Le savoir-faire des diplomates indispensable

La France défend une diplomatie ambitieuse et de terrain. Elle s’apprête pourtant à devenir le seul Etat de l’Union européenne (UE), et seule puissance du G7 et du G20, à ne plus disposer d’un corps dédié de diplomates de carrière. La victime de cette réforme sera la diplomatie française, et l’influence à l’international de notre pays à travers elle. Notre capacité à venir en aide à nos concitoyens est aussi mise en danger.

Or, pendant la crise du Covid-19, si 150 000 Français ont pu être rapatriés en quinze jours, c’est grâce au savoir-faire de centaines de diplomates, qui ont su arracher aux autorités locales des autorisations de vol, grâce à des relations de confiance tissées sur le terrain. Les liens étroits avec nos interlocuteurs étrangers se nouent dans la langue locale, grâce à une connaissance fine des cultures étrangères, et cela ne s’apprend pas en quelques mois.

La continuité et l’engagement de long terme sont autant de précieux atouts au service de nos ambitions en matière de politique étrangère. La réalité est que notre réseau diplomatique et consulaire tient grâce à la motivation inébranlable de ses agents, toujours animés par le sens du service public. Des agents qui ont par ailleurs consacré plusieurs années, voire des décennies, à acquérir un capital de compétences rares, consacrées à la politique étrangère de notre pays et à nos compatriotes.

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