« Lorsque nous sommes sortis du bateau, nous avons entendu des tirs, nous avons grimpé dans les montagnes. Nous étions cinq adultes et nous pouvions courir… Mais les dix-neuf autres personnes, dont trois enfants, ont disparu », témoigne un jeune Somalien, dans une vidéo diffusée vendredi 5 novembre sur Twitter par Cornelia Ernst, membre du parti allemand de gauche Die Linke.
Also one of the Somali man had said that they heard gun shots during the night. We feared that they had been pushed… https://t.co/eimL4LkMxa
— ErnstCornelia (@Cornelia Ernst)
Lors de sa visite de trois jours en compagnie d’une délégation de la commission des libertés civiles du Parlement européen, en Grèce, et notamment sur l’île de Samos, où a été inauguré début septembre un nouveau camp ultrasécurisé, l’eurodéputée a rencontré cinq réfugiés somaliens qui affirment avoir échappé à un refoulement vers la Turquie. Une pratique contraire aux droits international et européen qui consiste à ne pas enregistrer les demandeurs d’asile en Grèce et à les renvoyer de force vers les eaux territoriales turques.
Police qui « intimide »
Le 3 novembre, lorsque Cornelia Ernst et ses collègues rencontrent plusieurs ONG à Samos, un avocat et des humanitaires de Médecins sans frontières (MSF) les informent qu’« à ce moment même sur l’île un groupe de personnes a peur d’être refoulé et a appelé une ligne téléphonique d’urgence pour demander de l’aide ». Cornelia Ernst dit alors avoir pris la « décision personnelle » de suivre les humanitaires pour voir de ses propres yeux ce qu’il se passait. La délégation a suivi le programme qui était prévu pour leur visite et n’a pas souhaité se joindre à l’expédition.
Avec trois membres de MSF, l’eurodéputée se rend donc sur la localisation indiquée au numéro d’urgence par les demandeurs d’asile. Dans un premier temps, la police ne les laisse pas passer, mais Cornelia Ernst montre sa carte de membre du Parlement européen. « Il y avait au moins quatre voitures de police autour du site, (…) certains policiers avaient des uniformes, d’autres non. Deux hommes en uniforme bleu sans insigne portaient des masques noirs recouvrant leur visage », décrit l’élue.
Après quinze à vingt minutes de recherches, quatre hommes et une femme sortent des buissons. « Ils disaient qu’ils étaient somaliens et qu’ils étaient arrivés dans la nuit avec dix-neuf autres personnes qu’ils ont perdues de vue après leur débarquement. Parmi eux se trouvaient des femmes et trois enfants », explique Cornelia Ernst. Effrayés, les demandeurs d’asile se cachaient par peur d’être renvoyés de force en Turquie par la police.
« Lorsque nous allons faire ce type d’intervention, ce qui, malheureusement, arrive de plus en plus souvent, nous emmenons avec nous des vêtements, de l’eau, de la nourriture, car les réfugiés sont trempés, déshydratés, et ils ont froid », souligne Patrick Wieland, chef de mission de MSF à Samos.
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