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Des défenseurs des droits humains palestiniens espionnés par Pegasus

Sahar Francis (à gauche), directrice d’Addameer, et Tahseen Elayyan (à droite), de l’organisation Al-Haq pour les droits humains, lors d’une conférence de presse conjointe à Ramallah, en Cisjordanie, le 8 novembre 2021. NASSER NASSER / AP

Pour la première fois, des écoutes menées contre des activistes et des défenseurs des droits humains grâce au logiciel espion Pegasus sont documentées dans les territoires palestiniens. Des chercheurs en sécurité informatique ont révélé, lundi 8 novembre, avoir détecté dans les téléphones de six personnes des traces de l’usage de ce logiciel, vendu par l’entreprise israélienne NSO Group à des Etats, comme un outil de lutte contre la criminalité et le terrorisme.

Ces cibles sont des employés d’ONG palestiniennes, qu’Israël a justement désignées comme « terroristes » le 19 octobre, trois jours après que ces traces ont été décelées, sans apporter publiquement de preuves. Parmi les personnes visées figure l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri, qui travaille pour l’organisation de défense des prisonniers Adameer. Le 18 octobre, M. Hamouri a été informé par le ministère de l’intérieur que son droit de résidence à Jérusalem-Est était révoqué.

Leurs téléphones ont été examinés par l’organisation Front Line Defenders, ainsi que par le Citizen Lab de l’université de Toronto, spécialisé dans l’analyse des logiciels malveillants, et Amnesty International. Les cibles ont été infectées, selon leurs données, entre juillet 2020 et avril 2021. Parmi elles, figurent également des employés du Centre Bisan pour la recherche et le développement et d’Al-Haq, vétérante parmi les organisations de défense des droits humains au Proche-Orient. Cette dernière a contribué à alimenter l’enquête ouverte en mars par la Cour pénale internationale dans les territoires palestiniens occupés, qui vise notamment des crimes supposés liés à la colonisation et suscite l’inquiétude en Israël.

Sanctions des Etats-Unis sur NSO

Le ministre de la défense israélien, Benny Gantz, a placé ces ONG sur liste noire au motif qu’elles serviraient de paravent au Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), mouvement issu du nationalisme arabe et du marxisme, considéré comme terroriste par Israël et l’Union européenne. Cette accusation met en danger les contributions financières que leur apportent notamment des Etats européens.

Leur désignation comme organisations « terroristes » n’avait suscité que de rares critiques en Israël ; celles émises par l’aile gauche du gouvernement avaient été vivement écartées par M. Gantz. Les ONG visées dénoncent pour leur part une tentative de museler la société civile palestinienne. Lundi, NSO s’est contenté de rappeler qu’il « n’opère pas le produit lui-même ; la compagnie accorde des licences à des agences gouvernementales autorisées à le faire et nous ne sommes pas informés du détail des individus [surveillés] ».

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