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Biélorussie : l’opposition se reconstruit à l’extérieur

Svetlana Tsikhanovskaïa, leader de l’opposition biélorusse, inaugure le bureau de Vilnius de la start-up Imaguru Solidarity HUB, le 13 octobre 2021. PETRAS MALUKAS / AFP

Le régime d’Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis vingt-sept ans, n’a jamais été aussi isolé. Après une année de répression massive contre le soulèvement déclenché par sa réélection frauduleuse en août 2020, avec 80 % des voix, la crise politique s’est durablement installée, rendant toute expression politique impossible à l’intérieur de l’ancienne république soviétique. A l’inverse, en dehors des frontières, une myriade d’organisations de l’opposition se sont mises en place pour mener une lutte acharnée contre le dirigeant. Réunis en bureaux, en partis politiques ou en ONG, ces militants fraîchement exilés à Vilnius, Kiev ou Varsovie disposent d’un important réseau d’activistes. Les modes d’action varient : appel à des sanctions internationales, documentation des crimes du régime, création de médias alternatifs, lancement de cagnottes solidaires pour soutenir les compatriotes réprimés, organisation de campagnes de boycottage…

« En virant Svetlana Tsikhanovskaïa [chef de file de l’opposition en exil en Lituanie] et les autres leaders des forces démocratiques, Loukachenko s’attendait à ce que ces gens disparaissent à l’étranger », s’amuse Anton Rodnenkov, porte-parole du Conseil de coordination, une plate-forme d’échange entre les différentes cellules de l’opposition, créée en août 2020. Cinquante personnes, membres de ce conseil, dont certaines agissent dans la clandestinité depuis la Biélorussie, représentent différents groupes professionnels (ouvriers, journalistes, économistes, hommes d’affaires, avocats…). « Or, pour le régime aujourd’hui, poursuit M. Rodnenkov, ces forces de l’opposition représentent un très gros problème : elles sont toujours soutenues par la société, et la société attend toujours du changement dans le pays. »

Une diaspora difficile à quantifier

Difficile de quantifier cette nouvelle diaspora ayant fui la répression. « C’est très compliqué, reconnaît Tatsiana Chulitskaya, politologue installée à Vilnius. Beaucoup de gens sont partis illégalement, sans se déclarer. Certains ont quitté le pays par la Russie avant de prendre un avion, donc ils sont hors des décomptes officiels… » Franak Viacorka, conseiller spécial de Svetlana Tsikhanovskaïa, ose, lui, une estimation de « 300 000 » exilés, sur une population de 9,5 millions d’habitants, en comptant « ceux qui ont fui vers la Russie ».

L’organisation de ces réseaux s’est faite avec le temps. En août 2020, alors que des manifestations massives contre la réélection d’Alexandre Loukachenko font trembler le pays, Svetlana Tsikhanovskaïa, candidate à l’élection présidentielle et vraisemblablement élue, est arrêtée et forcée à l’exil. A Vilnius, quelques semaines après son arrivée, elle réunit une équipe afin de monter un bureau politique. Bien vite, elle devient la figure emblématique du mouvement démocratique biélorusse et part à la rencontre de chefs d’Etat à travers le monde.

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