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Le ralentissement de la Chine, un « défi considérable » pour l’économie allemande

« Le retrait de Chine n’est pas une option, nous devons nous arranger. » L’aveu, sans ambiguïté, a été fait par Nicola Leibinger-Kammüller, patronne du célèbre constructeur de machines Trumpf, le 26 octobre. Le spécialiste du laser, qui présentait ses résultats annuels, a reconnu sa dépendance croissante au marché chinois : l’entreprise a réalisé, en 2020-2021, 525 millions d’euros de chiffre d’affaires en Chine (sur un total de 3,5 milliards d’euros), contre 579 millions en Allemagne et 485 millions aux Etats-Unis. Jamais l’écart entre les premiers marchés du groupe n’a été aussi réduit.

Quand la Chine éternue, l’Allemagne s’enrhume. L’expression n’est pas nouvelle : depuis 2015, l’empire du Milieu est le premier partenaire économique de l’économie allemande. En 2020, les échanges bilatéraux entre les deux pays se sont élevés à 212 milliards d’euros (206 milliards en 2019), soit un tiers du volume total échangé entre la Chine et l’Union européenne. L’Allemagne a exporté pour 96 milliards d’euros vers le géant asiatique, en baisse de seulement 0,1 % par rapport à 2019, malgré la pandémie. Les constructeurs de machines comme le groupe Trumpf, mais aussi l’automobile, l’électrotechnique et la chimie, secteurs-clés du « made in Germany », sont extrêmement dépendants des commandes chinoises.

Les fortes turbulences actuelles observées dans l’économie chinoise – pandémie de Covid-19, régulation des groupes technologiques, crise immobilière, pénurie d’énergie – et le ralentissement de la croissance qui en découle auront des effets importants sur les entreprises allemandes. « Bien sûr, la croissance chinoise ne va pas s’arrêter, mais elle va nettement s’essouffler au prochain trimestre. Cela va être un défi considérable pour l’économie allemande », confirme Jörg Krämer, économiste en chef de la Commerzbank. Cela, alors que l’Allemagne se bat déjà sur un autre front, celui des défauts d’approvisionnement en produits intermédiaires, comme les composants électroniques, les métaux ou les matières premières, qui freinent considérablement la production.

« La situation est absurde »

« La situation actuelle est absurde : malgré des carnets de commandes pleins, la production dans l’industrie se réduit depuis le début de l’année », souligne Timo Wollmershäuser, membre de l’institut de recherche économique de Munich Ifo. Selon les estimations de l’Ifo, ces problèmes d’approvisionnement ont causé une perte de valeur ajoutée pour l’industrie équivalente à 40 milliards d’euros. « Cela correspond à plus de 1 % de la production totale de l’Allemagne en un an », poursuit M. Wollmershäuser. Pour Jörg Krämer, le ralentissement chinois et ces problèmes d’approvisionnement pourraient conduire l’économie allemande à une stagnation au quatrième trimestre.

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