Des actionnaires de Boeing ont conclu avec des administrateurs de l’avionneur, accusés de négligence après les deux accidents du 737 MAX, un accord amiable prévoyant le versement à l’entreprise d’une indemnité de 237,5 millions de dollars (environ 205 millions d’euros).
Alors qu’il doit encore être validé par un juge, l’accord, dont le Wall Street Journal s’est fait l’écho en premier jeudi, a été rendu public, vendredi 5 novembre, par les services du contrôleur de l’Etat de New York et de l’association des retraités des pompiers et policiers du Colorado qui avaient saisi, en juin 2020, la Cour de la Chancellerie du Delaware, une juridiction spécialisée dans les litiges concernant actions et titres de propriété.
Ces actionnaires reprochaient à d’anciens et actuels membres du conseil d’administration d’avoir failli à leurs obligations en ne s’assurant pas de l’existence et du bon fonctionnement d’instruments de contrôle et d’information relatifs à la sécurité du 737 MAX. Les indemnités prévues pour Boeing seront prises en charge par les assureurs des personnes visées par la plainte, alors même que l’accord n’inclut pas de reconnaissance de négligence de leur part.
Le texte inclut aussi la création d’un poste de médiateur à qui certains employés puissent directement faire remonter leurs remarques sur les conditions de travail ainsi que la nomination d’un administrateur supplémentaire possédant une expérience « en aviation/aéronautique, ingénierie et/ou supervision de la sécurité des produits ».
Il prévoit aussi de continuer à inclure des critères sur la sécurité aérienne dans le calcul de la rémunération des dirigeants et la publication chaque année d’un rapport sur les améliorations en matière de sécurité.
« Restaurer la réputation de l’entreprise »
Lancé en 2011 et mis en service pour la première fois en 2017, le 737 MAX a été impliqué dans deux crashs aériens, l’un de la compagnie Lion Air en octobre 2018 et l’autre d’Ethiopian Airlines en mars 2019, qui ont fait 346 morts au total. Des enquêtes ont révélé que ces accidents étaient liés au système anti-décrochage (MCAS).
Les actionnaires ont mis en évidence le fait qu’aucun des comités du conseil d’administration ne portait spécifiquement sur la sécurité.
« Nous avons poursuivi le conseil d’administration de Boeing parce qu’il a manqué à sa responsabilité de surveiller la sécurité et de protéger l’entreprise, ses actionnaires et ses clients contre les pratiques commerciales dangereuses », a commenté dans un communiqué le contrôleur de l’Etat de New York, Thomas DiNapoli.
« Nous espérons qu’à l’avenir les réformes convenues dans cet accord aideront à protéger Boeing et les passagers d’autres tragédies et commenceront à restaurer la réputation de l’entreprise », a-t-il ajouté.
Depuis les accidents, Boeing « a pris des mesures importantes pour accentuer et renforcer son engagement envers la sécurité aérienne », a souligné un porte-parole du groupe vendredi. Le constructeur a notamment déjà nommé en 2021 à son conseil d’administration Stayce Harris, qui a plus de 10 000 heures de vols sur des avions Boeing, et David Joyce, ancien dirigeant du fabricant de moteurs GE Aviation.
Les réformes supplémentaires prévues dans l’accord « feront progresser encore davantage la sécurité et la qualité de notre travail », a ajouté le porte-parole.
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