Deux ans après les élections législatives qui, en octobre 2019, ont reconduit au pouvoir le premier ministre socialiste Antonio Costa, les Portugais seront de nouveau appelés aux urnes le 30 janvier prochain. Ainsi en a décidé le président de la République, le conservateur Marcelo de Sousa, jeudi 4 novembre dans la soirée, faisant usage des prérogatives qui lui permettent de dissoudre l’Assemblée.
A l’origine de sa décision, le rejet du projet de loi de finances 2022 par le Parlement, le 27 octobre, fruit de la rupture entre le Parti socialiste et ses anciens alliés d’extrême gauche, qui a fait tomber le gouvernement. Pour justifier la convocation de nouvelles élections, le président a évoqué la nécessité de garantir la stabilité institutionnelle du pays, alors que vient « une année décisive ». « Ce n’est pas n’importe quel budget » puisqu’il « doit servir à sortir de la crise provoquée par la pandémie et gérer les fonds de relance européens », a souligné le chef de l’Etat lors d’une allocution télévisée prononcée au palais de Belem, sa résidence officielle. Près de 16 milliards d’euros d’aide sont attendus d’ici à 2026.
L’échec du vote du budget de l’Etat « n’a pas été un rejet de circonstance, pour des divergences mineures, mais fondamentales », a encore argumenté M. de Sousa, soulignant qu’il a « totalement réduit la base de soutien du gouvernement ».
Calculs stratégiques
De fait, il marque la fin de l’alliance entre les forces de gauche – la geringonça, à l’œuvre depuis 2015 au Portugal – qui avait permis de tourner la page de l’austérité. Si pour le Parti communiste (PCP) et le Bloc (le parti de la gauche radicale Bloco de Esquerda, BE), la loi de finances manquait d’ambition en matière sociale et salariale, pour le PS, mettre en œuvre toutes les demandes des partis de gauche n’était tout simplement pas réaliste. Cependant, derrière ces arguments politiques, se cachaient sans doute aussi des calculs stratégiques.
Après avoir récolté de mauvais résultats aux élections locales de septembre et aux présidentielles de janvier dernier, « il est très probable que le PCP et le Bloc aient interprété cet abandon de leurs électeurs comme le signe qu’ils ne sont plus considérés comme des canaux d’opposition, de protestation et de mécontentement, analyse José Santana Pereira, professeur de sciences politiques à l’université de Lisbonne. Ils pourraient avoir décidé que leur survie à long terme dépend d’un retour à leur position traditionnelle, même si cela signifie une punition à court terme de la part de l’électorat ».
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