La NBA a ouvert, jeudi, une enquête sur les agissements de Robert Sarver, propriétaire des Phoenix Suns, soupçonné de racisme, sexisme et d’avoir instauré un climat de travil toxique lors de ses 17 ans à la tête de la franchise, dans un article d’ESPN.
L’ombre du racisme et du sexisme plane sur les Phoenix Suns: la NBA a ouvert une enquête sur des allégations visant le propriétaire Robert Sarver, également pointé pour avoir instauré un environnement de travail toxique, selon une enquête d’ESPN (avec 70 interviews d’anciens employés) que l’intéressé juge mensongère.
« Les allégations contenues dans l’article d’ESPN sont extrêmement graves, et nous avons demandé au cabinet d’avocats Wachtell Lipton de lancer une enquête approfondie, a indiqué l’instance, jeudi, après la parution de l’article sur le site du géant des médias sportifs américains. Une fois l’enquête terminée, ses conclusions permettront à la Ligue de mener d’éventuelles actions. »
Il y a trois semaines, Sarver avait réagi avant l’heure, en fustigeant « des mensonges, des insinuations et un faux récit ». Dans cette enquête qui remonte à 2004, date de son rachat de la franchise, les allégations sont nombreuses et ont été formulées plus de 70 employés anciens et actuels des Suns, la plupart sous couvert d’anonymat.
Un ancien entraîneur témoigne
Earl Watson, qui entraîna l’équipe entre 2015 et 2017, est un des rares à ouvertement dénoncer le comportement de Sarver, affirmant que ce dernier a utilisé le mot à caractère raciste « nigger » (équivalent de « negro » en français), un soir de 2016 après un match. Il raconte aussi qu’une autre fois où il a souligné un manque de diversité au sein du club, Sarver a répondu: « je n’aime pas la diversité ».
Ce langage raciste, dont Sarver aurait usé à d’autres reprises, est dénoncé plusieurs fois dans l’article. Des comportements misogynes aussi. Il aurait ainsi fait circuler une photo de sa femme en bikini aux employés du club et aurait parlé lors de réunions de leur intimité sexuelle. Il aurait aussi demandé à une femme s’il la « possédait » du fait qu’elle était salariée des Suns.
« Le niveau de misogynie et de racisme dépasse les bornes »
« Le niveau de misogynie et de racisme dépasse les bornes », a confié à ESPN un des actuels copropriétaires des Suns. A contrario, le directeur général du club, James Jones, et le président Jason Rowley, l’ont défendu, assurant que l’histoire était « totalement scandaleuse et fausse » et que Sarver « n’est ni raciste ni sexiste ».
Ce dernier, âgé de 59 ans, a réitéré jeudi « être choqué par la fausse enquête » d’ESPN. « Le mot ‘negro’ n’a jamais fait partie de mon vocabulaire. Ce mot est odieux, laid, dénigrant et contraire à tout ce en quoi je crois. La façon dont je mène ma vie personnelle et professionnelle le montre clairement. »
Sarver accueille « avec plaisir » l’enquête de la NBA
« Au lieu de rapporter la vérité, cette histoire est basée sur des fausses déclarations. Maintenant nous sommes dans la position de devoir réfuter des choses qui ne sont pas arrivées. A ce stade, j’accueillerais volontiers une enquête impartiale de la NBA, qui pourrait s’avérer notre seul moyen de blanchir mon nom et la réputation d’un club dont je suis si fier », a-t-il ajouté.
Il a été entendu par la Ligue, qui n’a pas « reçu de plainte pour mauvaise conduite de la part de membres des Suns », a précisé son porte-parole, Mike Bass. Les allégations auxquels fait face Sarver, si elles s’avéraient fondées, pourraient avoir de sérieuses conséquences.
En 2014, Donald Sterling, alors propriétaire des Los Angeles Clippers, avait été condamné à une amende de 2,5 millions de dollars et fut banni à vie de la NBA, après avoir été enregistré en train de tenir des propos racistes. La ligue avait ensuite forcé la vente de la franchise. Sarver a acheté les Suns en 2004 pour 401 millions de dollars et la valeur de la franchise est désormais estimée à 1,55 milliard de dollars. Son équipe, finaliste la saison passée, battue par les Milwaukee Bucks, jouait jeudi soir. Et elle a battu Houston (123-111) malgré ce contexte délicat.
« Difficile de s’y retrouver quand on reçoit l’article à neuf heures du matin, au milieu d’une réunion avec son staff et qu’on dirige un groupe. Ça a été dur à digérer. Il y a tellement de choses dans cet article, de graves allégations proférées, qui en même temps ne sont pas encore tout à fait claires. Or si ces choses s’étaient produites pendant que j’y étais, je ne serais pas à cette place », a ainsi déclaré l’entraîneur Monty Williams juste avant la rencontre.
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