L’épineux dossier diplomatique de la pêche s’invite dans le débat présidentiel. Mais cette fois-ci, c’est la majorité qui met en cause la responsabilité d’un opposant. Interrogé au sujet de la crise des relations franco-britanniques autour de la pêche qui dure depuis des semaines, Christophe Castaner, patron des députés de La République en marche (LRM), a en effet mis en cause, vendredi 5 novembre, la responsabilité de Michel Barnier, l’ancien négociateur du Brexit pour l’Union européenne (UE), qui brigue l’investiture du parti Les Républicains (LR) pour la présidentielle. Selon M. Castaner, nos voisins anglais profiteraient des « imprécisions » d’un texte qui « n’a pas été négocié au mieux » par ce dernier.
Depuis plusieurs semaines, Paris et Londres s’écharpent autour de l’octroi de licences de pêche par les Britanniques aux chalutiers européens, prévu dans l’accord post-Brexit. Estimant qu’il manque plus de deux cents licences à attribuer aux pécheurs de l’Hexagone, chiffre que le Royaume-Uni conteste, la France avait menacé d’interdire dès lundi aux navires de pêche britanniques de débarquer leurs cargaisons dans les ports français et de renforcer les contrôles douaniers de tous les camions. Après une escalade des tensions, les sanctions ont finalement été suspendues et les discussions ont repris entre les deux pays.
Un texte qui « n’a pas été négocié au mieux »
A un mois du congrès du parti Les Républicains, alors que la campagne s’accélère, la majorité attaque, entre les lignes de cette déclaration, un potentiel candidat qui met en avant son expérience au service de l’Europe. « Ceux qui ont négocié le traité de sortie avec le Brexit et nous avaient dit : “Ne vous inquiétez pas, tout va bien”… On constate qu’effectivement il y a des imprécisions dans le texte sur lesquelles joue le Royaume-Uni », a ainsi déclaré sur Franceinfo M. Castaner.
Interrogé sur la responsabilité de Michel Barnier, l’ancien ministre de l’intérieur a répondu : « Si le Royaume-Uni peut mettre en avant qu’il y a un loup dans le texte, c’est qu’effectivement il n’a pas été négocié au mieux. » Or, lance-t-il, « derrière cela il y a des femmes et des hommes, des pêcheurs » menacés de ne pouvoir exercer leur métier dans les eaux territoriales britanniques.
Pêche : face aux blocages sur les licences, @CCastaner met en cause la négociation du Brexit par @MichelBarnier : « … https://t.co/eBLuPrQoFZ
— jrbaudot (@Jean-Rémi Baudot)
Le président du groupe parlementaire de LRM a affirmé que les pêcheurs français avaient le soutien du gouvernement et que l’exécutif et les parlementaires de la majorité allaient « tout faire pour qu’ils puissent continuer à exercer le métier qui est le leur ».
« Les Anglais ne sont pas de bonne foi », répond Barnier
En déplacement vendredi à Tours avant une réunion publique prévue dans la soirée à Orléans, Michel Barnier a refusé de « faire polémique sur un sujet aussi grave ». « M. Castaner doit faire attention à ses propos, les pêcheurs français doivent être respectés », a-t-il insisté.
Plutôt que de répondre frontalement au chef de fil de la majorité parlementaire, le candidat au congrès de LR a souhaité mettre en avant la difficulté de l’exercice de négociation comme sa connaissance du dossier : « Ces accords, je les ai négociés au nom de vingt-sept gouvernements, la pêche fait partie d’une somme de 1 400 pages ». Lors des négociations du Brexit à Bruxelles, le dossier n’avait pas cessé de cristalliser les tensions entre l’UE et le Royaume-Uni.
« Les Anglais ne sont pas de bonne foi », a poursuivi M. Barnier, dans la conformité de ses propos tenus plus tôt dans la semaine au micro de RMC et sur le plateau de France 2. Au début d’octobre, celui que l’on surnomme à Bruxelles « Monsieur Brexit » avait déjà déclaré que « les Britanniques se comportent comme des flibustiers actuellement sur la question des pêcheurs ».
Malgré la décrue des invectives entre La France et le Royaume-Uni et la reprise des discussions, des « écarts importants » subsistent entre les deux Etats sur la question, a estimé jeudi le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes français, Clément Beaune, à l’issue de sa rencontre avec le secrétaire d’Etat britannique chargé du Brexit, David Frost. Les deux secrétaires d’Etat doivent faire le point dès la semaine prochaine sur la mise en place par les Britanniques d’une nouvelle méthodologie pour approuver et comptabiliser les licences.
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