Son utilisation contre des journalistes et des patrons de presse hongrois a été démontrée par l’enquête du Monde et de ses seize médias partenaires. Lajos Kosa, député du parti Fidesz, au pouvoir en Hongrie, a admis, jeudi 4 novembre, que le logiciel espion israélien Pegasus avait bien été acheté par le ministère de l’intérieur hongrois.
La Hongrie était le seul pays de l’Union européenne figurant sur la liste publiée en juillet par un consortium de journalistes d’investigation comme utilisateur potentiel de ce logiciel d’espionnage, avec des centaines de cibles, dont des journalistes, des avocats et d’autres personnalités publiques.
Les smartphones infectés par Pegasus se transforment en dispositifs d’espionnage, permettant à l’utilisateur de lire les messages de sa cible, de regarder ses photos, de suivre sa localisation et même de mettre en marche son appareil photo à son insu. Le gouvernement du premier ministre nationaliste Viktor Orban avait jusqu’à présent refusé de confirmer qu’il avait utilisé Pegasus.
Mais Lajos Kosa a répondu « oui » à la question d’un journaliste hongrois qui lui a demandé si le ministère de l’intérieur avait acheté ce logiciel controversé. « Je n’y vois rien de répréhensible », a déclaré M. Kosa, qui préside une commission parlementaire sur la défense, lors d’une audition de la commission.
Employé « dans un cadre légal »
« Le plus souvent, les grandes firmes technologiques mettent en place une surveillance bien plus serrée que ce que fait l’Etat hongrois », a-t-il ajouté. Il a ajouté que le ministère de l’intérieur, en utilisant ce logiciel, n’avait violé les droits d’aucun citoyen hongrois.
De son côté, le ministre de l’intérieur, Sandor Pinter, a assuré à la commission parlementaire que les services de sécurité l’avaient employé dans un cadre légal, avec la permission d’un juge ou du ministre de la justice.
Une membre de la commission faisant partie de l’opposition, Agnes Vadai, a déclaré à la presse que M. Pinter avait refusé de confirmer ou de démentir que des journalistes ou des politiciens avaient été surveillés avec ce logiciel espion.
Les Etats-Unis viennent de placer NSO Group, qui a développé Pegasus, sur leur liste noire des entreprises menaçant la sécurité nationale.
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