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Le Pentagone affirme que sa frappe ayant tué 10 civils afghans était conforme au droit de la guerre

Des Afghans sont rassemblés à côté d’un véhicule endommagé, au lendemain d’une frappe américaine par drone, à Kaboul, le 30 août 2021. WAKIL KOHSAR / AFP

La frappe américaine par drone qui a tué dix civils afghans, dont sept enfants, à Kaboul le 29 août était une erreur tragique mais elle n’a pas violé les lois de la guerre, a affirmé mercredi 3 novembre le Pentagone après une investigation interne.

« L’enquête n’a identifié aucune violation de la loi, y compris le droit de la guerre », a dit dans un rapport le lieutenant-général Sami Said, un responsable du ministère de la défense. « Des erreurs d’exécution combinées à un biais de confirmation et à des ruptures dans la communication ont entraîné des pertes civiles regrettables », a-t-il ajouté.

Devant la presse au Pentagone, le lieutenant-général Said a insisté sur le fait qu’il s’agissait d’une « erreur », pas d’un comportement « criminel, aléatoire ou de négligence ». Les personnes impliquées ont « cru à l’époque qu’elles ciblaient une menace imminente », trois jours après un attentat de la branche locale de l’Etat islamique, l’EI-K, qui avait tué 13 militaires américains et une centaine d’Afghans près de l’aéroport de Kaboul, dit-il dans son rapport.

Mauvaise voiture

La frappe a été menée en plein pendant le retrait chaotique des Etats-Unis d’Afghanistan. Le 29 août, l’armée américaine avait détruit un véhicule Toyota Corolla blanc, affirmant qu’il était « chargé d’explosifs » et assurant avoir ainsi déjoué une tentative d’attentat de l’EI-K. Mais la famille du conducteur du véhicule, Ezmarai Ahmadi, avait rapporté que ce dernier était employé par une ONG et que dix personnes, dont sept enfants, avaient été tuées. Le ministre américain de la défense Lloyd Austin avait présenté ses « sincères condoléances » et ses « excuses » pour cette bavure.

« La cible prévue de la frappe le véhicule, son contenu et son occupant a de bonne foi été évaluée à l’époque comme étant une menace imminente pour les forces américaines », selon le rapport d’enquête. Cette évaluation « était malheureusement inexacte », d’après le texte. Mais « les menaces pour les forces américaines à l’aéroport étaient à l’époque très élevées », justifie-t-il.

Le lieutenant-général Said a expliqué que l’armée américaine disposait d’informations sur une attaque imminente de l’EI-K, et plus spécialement sur une Toyota Corolla blanche contenant des explosifs du type de ceux utilisés trois jours plus tôt. Mais les militaires américains ont suivi la mauvaise voiture. « En fait, nous n’avons jamais suivi la bonne Toyota Corolla », a-t-il admis.

29 personnes interrogées

En outre, les militaires croyaient que le bâtiment à côté duquel la frappe a été menée était vide. Aucune des personnes chargées d’analyser les images satellites n’a remarqué un enfant entrant dans la zone de surveillance deux minutes avant la frappe.

Enfin, les militaires américains étaient parvenus à la conclusion que l’attentat meurtrier du 26 août avait été mené avec une bombe dissimulée dans un sac d’ordinateur. Quand ils ont vu deux hommes échanger un sac d’ordinateur trois jours plus tard, ils ont immédiatement pensé que les hommes qu’ils suivaient appartenaient à l’EI-K. « En fait, il s’agissait d’un simple sac d’ordinateur. »

Ils ont été victimes, selon le responsable militaire, de « biais de confirmation », la tendance à tirer des conclusions conformes à ce qu’on pense probable. Le rapport recommande notamment de passer en revue les procédures précédant les frappes pour évaluer la présence de civils.

Au cours de l’enquête menée par le lieutenant-général Said, 29 personnes, dont 22 « directement impliquées dans la frappe », ont été interrogées sous serment.

Le Monde avec AFP

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