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En Pologne, la tentation des ultracatholiques de punir l’IVG d’une peine de prison à vie

Lors d’une manifestation de militants en faveur des droits reproductifs, après la mort d’une femme de 30 ans à sa 22e semaine de grossesse, le 1er novembre 2021, à Varsovie. CZAREK SOKOLOWSKI / AP

C’est la dernière offensive en date des organisations catholiques fondamentalistes, visant à faire pression sur le législateur : le Parlement polonais s’apprête à se pencher sur un projet de loi d’initiative citoyenne, qui veut rendre l’avortement punissable de cinq à vingt-cinq ans de prison pour les mères et les médecins, voire, dans certains cas, de la prison à perpétuité. Cette initiative, qui a dû récolter 100 000 signatures pour être examinée, a été mise à l’ordre du jour des prochaines sessions de la Diète, la chambre basse du Parlement, par sa présidente Elzbieta Witek, membre de la majorité nationale conservatrice du parti Droit et justice (PiS).

Depuis l’arrêt du Tribunal constitutionnel du 22 octobre 2020, qui, sous la pression des mêmes organisations ultracatholiques et de l’Eglise, a décrété inconstitutionnel l’avortement pour cause de malformation du fœtus, rendant l’IVG quasi illégale, seules deux exceptions permettent aux femmes polonaises d’avorter légalement : la mise en danger de la santé ou de la vie de la mère, et si la grossesse est la conséquence d’un viol ou d’un inceste. Le projet de loi présenté vise à supprimer ces deux exceptions.

S’il venait à entrer en vigueur, il introduirait des changements fondamentaux dans le code pénal, notamment quant à la définition même de l’enfant et de l’être l’humain : « Un enfant est humain à partir du moment de sa procréation. » « Il reste un enfant procréé jusqu’au début de l’accouchement » stipule ainsi le projet. L’examen de ces textes citoyens permet surtout à la majorité du PiS de donner des gages aux franges les plus radicales de son électorat, sans pour autant que ces initiatives aient de grandes chances d’aboutir.

« Effet paralysant »

Sombre coïncidence : ce projet de loi a été dirigé en première lecture alors que le pays est en émoi après la mort, quelques jours plus tôt, d’une femme de 30 ans à sa 22e semaine de grossesse. Elle a été admise à l’hôpital après avoir perdu les eaux. Les médecins ont décidé de ne pas procéder à l’avortement, avant que le fœtus ne meure de lui-même. La jeune femme est décédée d’un choc infectieux. Cet excès de prudence de certains praticiens, appelé par les organisations féministes « effet paralysant », est considéré comme une des conséquences les plus nuisibles de la nouvelle législation encadrant l’avortement depuis l’arrêt du Tribunal constitutionnel. Depuis un an, le nombre d’avortements légaux pratiqués en Pologne est tombé à 300 contre un millier chaque année auparavant.

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