Tribune. Les élections américaines donnent lieu à d’innombrables scénarios catastrophes.
Scénario numéro 1 : comme l’a récemment écrit Michael Gerson, éditorialiste au Washington Post, « il est de plus en plus évident que la perspective cauchemardesque de la politique américaine – d’un gouvernement fédéral sous contrôle unifié des républicains et aux mains d’un Donald Trump réélu en 2024 – est devenue l’issue la plus probable ».
Gerson pourrait bien avoir raison. Si Donald Trump se présente – et à en juger ses dernières diatribes, il semblerait qu’il en ait vraiment l’intention –, il perdra certainement le vote populaire. En 2020, c’est Biden qui a remporté le scrutin populaire par plus de sept millions de voix d’écart. Seulement en Amérique, le président n’est pas élu au suffrage populaire, mais par un système archaïque appelé collège électoral : les électeurs élisent en réalité 538 grands électeurs qui, eux, éliront le président. Le candidat qui obtient 270 votes ou plus l’emporte.
« Trucage » du collège électoral
Au vu des lois récemment promulguées dans certains Etats-clés, les trumpistes pourraient être en mesure de passer outre la votation populaire, voire celle des grands électeurs. Dans dix-sept Etats dominés par les républicains, toute une série de lois sont passées, qui pénalisent les minorités au moment du vote (et on sait que ces dernières tendent à voter pour les démocrates) et qui donnent aux législateurs et aux fonctionnaires des Etats républicains davantage de pouvoir pour décider qui seront, in fine, les grands électeurs. Autrement dit : il se peut que les républicains perdent le vote populaire mais « truquent » le collège électoral et offrent à Trump un second mandat.
Scénario numéro 2 : Un élu démocrate chargé des poursuites contre Trump au Sénat lors de son second procès en destitution [qui a eu lieu en février et à l’issue duquel il a été acquitté] a eu ce mot fameux : « Je n’ai pas peur que Donald Trump se présente à nouveau. J’ai peur qu’il se présente à nouveau et qu’il perde. » Sous-entendu : que cet ancien président, si obsédé par sa personne, soit de nouveau incapable d’accepter sa place de « loser », qu’il recommence à crier sur tous les toits (comme il le fait depuis sa défaite contre Biden en 2020) qu’on lui a « volé » l’élection et qu’il érode encore davantage la confiance dans le modèle démocratique.
Derrière ces deux scénarios catastrophes, il y a l’idée que le modèle démocratique américain a survécu au premier mandat de Trump comme président et à son « grand mensonge » d’une élection truquée ; qu’il fonctionne encore, mais que ce modèle est voué à l’échec si le « vieil-enfant-gâté-décoloré » décide de se présenter en 2024 – et ce, qu’il gagne ou qu’il perde.
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L’article Robert Littell : « L’accord tacite qui veut que la vertu soit le moteur de la démocratie ne vaut plus rien » est apparu en premier sur zimo news.