C’est la politique des petits pas. Clairement pas le grand soir pour les moins de 26 ans. Sur Facebook, Emmanuel Macron a présenté ce mardi 2 novembre les contours de « sa grande mesure » pour les jeunes de moins de 26 ans pour faciliter leur insertion professionnelle. Intitulé « contrat d’engagement jeune », ce dispositif a pour but de venir en aide à ceux qui sont « sans formation ni emploi depuis plusieurs mois ». « Ils pourront bénéficier de quinze à vingt heures d’accompagnement par semaine pour découvrir un métier, se former, trouver un apprentissage ou un emploi », a expliqué le président. Une allocation de 500 euros leur sera versée mais à condition que les jeunes éligibles fassent preuve « d’assiduité » et acceptent « les offres d’activité » qui leur seront faites.
Concrètement, une enveloppe de 550 millions d’euros a été débloquée pour venir en aide à 500.000 jeunes, dont 400.000 en 2022. Une partie de cet argent va servir à renforcer les équipes des deux opérateurs concernés par la mise en œuvre de ce contrat: Pôle emploi et les missions locales. N’empêche, on est très loin de l’objectif initial qui était de passer de 100.000 jeunes bénéficiaires de la Garantie Jeunes, l’ancêtre du contrat d’engagement, à un million pour couvrir plus largement le 1,3 million
Cette reculade s’explique par les réticences de Bercy qui ne voulait pas voir la facture s’envoler. Il y a aussi le contexte politique: moins de six mois avant la présidentielle, Emmanuel Macron ne voulait pas tendre un bâton à la droite pour se battre. Pas question de se faire accuser par ses adversaires de tomber dans l’assistanat. D’où le changement de nom: à la fin de l’été, l’exécutif a choisi de rebaptiser le dispositif en « contrat d’engagement » et non plus « revenu d’engagement », histoire de ne pas donner l’impression de vouloir instaurer un revenu de solidarité active (RSA).
Plusieurs écueils importants
Quoi qu’il en soit ce rétropédalage rend furieux syndicats et associations de lutte contre la pauvreté. « La France est l’un des seuls pays européens à n’avoir aucune réponse durable pour les jeunes ni en emploi, ni en formation ou pour les travailleurs pauvres de 18/25 ans, soit près d’1,5 million de personnes », ont alerté dans une lettre commune une vingtaine d’organisations dont la CFDT, le Secours catholique, ATD Quart Monde…
De fait, la mesure annoncée présente plusieurs écueils. Un, « le gouvernement ne crée pas un nouveau droit à la formation et à l’accompagnement pour les jeunes en précarité, explique Antoine Dulin du Conseil d’orientation des politiques de jeunesse. Du coup, le nombre de bénéficiaires dépend toujours des crédits alloués chaque année par le gouvernement. » Autre critique: « la durée limitée du dispositif –12 mois avec un renouvellement à 18 mois– est un frein pour que ces jeunes accèdent à un logement, ajoute Antoine Dulin. Car le dispositif est l’équivalent d’un CDD de 500 euros… Difficile de poser un dossier pour louer un appartement. » Enfin, « que propose-t-on aux 40% de jeunes qui sortent de la Garantie Jeune chaque année? », s’interroge-t-il.
Malgré tout, le « contrat d’engagement » va dans le bon sens car il crée un cadre commun aux différents dispositifs existants pour les décrocheurs, estime ce spécialiste de l’insertion. De plus, les associations vont être plus consultées pour identifier les jeunes en difficulté qui ne se manifestent pas toujours auprès des missions locales. Reste donc à changer d’échelle pour venir en aide au 1 million de précaires de moins de 26 ans…
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