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Budget 2022: comment Macron le dépensier limite la casse

On avait quitté Pierre Moscovici chafouin lors de la présentation du budget 2022, fin septembre. Le président du Haut conseil des finances publiques (HCFP), organisme indépendant rattaché à la Cour des comptes, s’agaçait alors en pointant les lacunes du projet de loi de finances, qui n’incluait pas un certain nombre d’annonces de dépenses nouvelles faites par Emmanuel Macron. De quoi nourrir la rhétorique des opposants de droite, Valérie Pécresse et Xavier Bertrand en tête, qui l’accusent de faire campagne avec le carnet de chèques. Un mois plus tard, le ton du HCFP est devenu plus mesuré: même s’il souligne un « degré d’incertitude » encore important sur les dépenses, il juge « plausible » la prévision de déficit public pour 2022. Et le dérapage de ce dernier serait contenu: le déficit atteindrait 5% du PIB, au lieu des 4,8% prévu fin septembre. 

Tout d’abord, l’exécutif bénéficie d’une reprise plus forte que prévue de la croissance en 2021, permise par l’embellie sur le front sanitaire et le rebond de la consommation dans les services. La prévision officielle a été revue de 6% à 6,25% et l’Insee table même désormais sur 6,6%. Avec pour conséquences de meilleures recettes fiscales et sociales. Dans le même temps, les dépenses nouvelles en faveur du pouvoir d’achat, inscrites pour cette

année, (2 milliards d’euros dont 1,5 lié à l’indemnité inflation) ont été compensées par de moindres dépenses liées à la crise et à la charge du service public de l’électricité. Au total, la prévision de déficit passe ainsi de 8,4% à 8,1% du PIB, réduisant d’autant l’effort à fournir en 2022.

Cinq milliards de dérapage

Pour l’année prochaine, les multiples annonces d’Emmanuel Macron à la rentrée laissaient craindre le pire en matière budgétaire. Finalement, la facture sera un peu moins salée. Tout d’abord, l’enveloppe en faveur des jeunes, qui était estimée initialement entre un et deux milliards, ne s’élèvera finalement « que » à 550 millions. Le plan de 1,5 milliard en faveur de Marseille ne donnera lieu, pour l’instant, qu’à 254 millions de décaissements au maximum l’an prochain. Idem pour le plan « France 2030 » à 30 milliards, qui s’échelonnera sur huit ou neuf ans et dont la première tranche se limitera à 3,5 milliards. Résultat: le HCFP chiffre le dérapage global des dépenses à 5,3 milliards par rapport au budget présenté fin septembre.

Du côté des recettes fiscales, la dérive est encore plus contenue, à seulement 900 millions. Certes, la baisse de la taxe intérieure sur la consommation d’électricité, annoncée par Jean Castex fin septembre, va coûter 5,9 milliards à l’Etat. Mais, dans le même temps, la révision à la hausse des prévisions de croissance et des rentrées fiscales en 2021 va continuer à avoir un effet en 2022, à hauteur de cinq milliards. Par ailleurs, l’exécutif s’est montré très prudent en matière d’évolution de l’emploi et de la masse salariale, qui pourrait générer des cotisations sociales plus élevées que prévues l’an prochain. C’est ce qui conduit le HCFP à valider en quelque sorte la trajectoire de l’exécutif.

Le Haut conseil souligne toutefois que « contrairement à ce qu’il préconisait dans son avis du 17 septembre 2021, le surcroît de recettes attendu n’est pas consacré au désendettement, mais qu’il est plus que compensé par un surcroît de dépenses ou de mesures de baisse des prélèvements obligatoires. » Et Pierre Moscovici d’appeler, une fois de plus à une grande vigilance quant à la soutenabilité à moyen-terme de la dette publique, qui devrait grimper de 16 points de PIB en trois ans pour atteindre 113,5% fin 2022.

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