L’Etat va créer à Calais un « sas » de « mise à l’abri » permettant d’accueillir temporairement 300 migrants la nuit, avant de les rediriger vers des hébergements pérennes, a annoncé mercredi 3 novembre le médiateur gouvernemental chargé depuis le 27 octobre par le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, de négocier avec trois militants associatifs en grève de la faim, qui protestent contre les démantèlements de campements de migrants.
Ce « sas d’hébergement de nuit sera ouvert tous les jours après les évacuations », a expliqué le directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), Didier Leschi. Les personnes qui s’y rendront chaque soir « seront orientées vers les hébergements pérennes en dehors de Calais » le lendemain matin, a-t-il précisé. Dans un entretien au Monde, il avait reconnu que « l’action des grévistes de la faim a fait apparaître une incohérence dans la politique mise en œuvre ».
Cette structure doit permettre de tenir les promesses déjà avancées par l’Etat, qui s’est engagé mardi à proposer « systématiquement » un hébergement aux migrants délogés de leurs campements de fortune à Calais, ce qui implique d’augmenter le parc d’hébergement de « plusieurs centaines de places », essentiellement dans le Pas-de-Calais et les Hauts-de-France, selon M. Leschi.
Grève de la faim
Les propositions du médiateur sont toujours jugées insuffisantes par les trois personnes – un prêtre jésuite, Philippe Demeestère, et deux militants associatifs – qui observent une grève de la faim depuis vingt-quatre jours pour dénoncer le traitement réservé aux migrants à Calais. La police y évacue quasi quotidiennement les migrants regroupés dans l’espoir de traverser la Manche pour rejoindre le Royaume-Uni.
Les associations locales, qui dénoncent la situation de quelque 1 500 migrants actuellement présents à Calais, continuent de réclamer un « moratoire » sur les évacuations et ont claqué la porte des discussions mardi après-midi.
Crainte d’un appel d’air
En face, l’Etat craint qu’un arrêt des évacuations provoque un appel d’air qui permettrait la reconstitution de la « jungle », ce gigantesque campement démantelé en 2016 qui a réuni jusqu’à 10 000 migrants dans des conditions inhumaines et chaotiques.
Selon M. Leschi, « 40 000 personnes » sont arrivées sur le littoral nord depuis le début de l’année, avec l’espoir de gagner les côtes anglaises. Mardi, 292 migrants ont été secourus dans la Manche et reconduits sur la côte française.
Depuis la fin de 2018, les traversées illégales de la Manche par des migrants cherchant à gagner le Royaume-Uni se multiplient malgré les mises en garde répétées des autorités, qui rappellent le danger lié à la densité du trafic, aux forts courants et à la basse température de l’eau.
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