« Angela ! Angela ! Bravo ! », a crié la foule qui l’attendait, mercredi 3 novembre, à Beaune, en Côte-d’Or, pour faire ses adieux à la France, après seize ans au pouvoir, durant lesquels elle a travaillé étroitement avec quatre présidents français.
Tout sourire, la chancelière Angela Merkel a accompagné le président français, aux côtés de leurs époux, Brigitte Macron et Joachim Sauer, et ensemble, ils ont arpenté le centre-ville de la cité fortifiée située au cœur de la région viticole de Bourgogne pour saluer les quelques centaines de badauds.
Après la solennité des sommets du G20 et de la COP26, l’ambiance était très décontractée entre les deux dirigeants, qui se sont salués d’une chaleureuse accolade. Pour cette visite d’adieux, l’Elysée a choisi Beaune, « une ville dont les monuments historiques et la culture du vin illustrent la richesse du patrimoine français ».
Après la déambulation dans le centre historique, ils devaient visiter les célèbres Hospices de Beaune, joyau architectural du XVe siècle de style gothique flamboyant. L’ancien hôpital mondialement célèbre pour son domaine viticole avait accueilli, en juin 1993, François Mitterrand et Helmut Kohl pour le 63e sommet franco-allemand.
Mais, alors que ces derniers y étaient restés dîner, les couples Macron et Merkel se rendront au château du Clos de Vougeot, monument emblématique de la Bourgogne viticole situé au milieu des plus grands crus, fondé par des moines cisterciens au XIe siècle.
Après un récital de piano, le président et la chancelière y seront intronisés dans la Confrérie des chevaliers du Tastevin qui, depuis sa création en 1934, célèbre la Bourgogne, sa cuisine et ses vins, ainsi que ses traditions.
Angela Merkel, grand-croix de la Légion d’honneur
L’un des moments forts de la soirée sera la remise, par M. Macron, de la grand-croix, la distinction la plus élevée de l’ordre de la Légion d’honneur, à la chancelière. Cette décoration, décernée à Konrad Adenauer, Willy Brandt, Helmut Kohl et Gerhard Schroeder, « incarne la solidité de l’amitié franco-allemande, entretenue par Angela Merkel », explique la présidence. En insistant sur les quatre années « de travail fructueuses entre le président et la chancelière, afin de renforcer la coopération bilatérale, marquée notamment par la signature du traité d’Aix-la-Chapelle en 2019, et de contribuer au projet européen ».
Depuis la présidentielle de 2017, la relation personnelle et de travail entre M. Macron et Mme Merkel a considérablement évolué. Au départ, difficile de trouver beaucoup de points communs entre la chancelière de 67 ans, élevée à l’école de la prudence, et le jeune président de 43 ans qui a érigé l’audace et le mouvement en marqueurs politiques. Mais au fil du temps, ils ont réussi, selon de nombreux témoins, à bâtir une solide relation de confiance.
Le président français s’est longtemps heurté aux réticences allemandes envers la hausse des dépenses de l’UE. Face au Covid-19, ils ont su resserrer leurs liens pour conclure une alliance aboutissant en 2020 au plan de relance européen de 750 milliards d’euros, largement financé par des emprunts européens mutualisés. Ces derniers mois, le président français a loué « l’engagement », « la patience » et « la capacité d’écoute » de la chancelière.
Avant M. Macron, Mme Merkel avait dû s’adapter aux caractères très différents de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande.
La chancelière doit quitter la politique après la constitution d’un nouveau gouvernement attendue pour décembre et actuellement négociée par les sociaux-démocrates (SPD), vainqueurs des législatives du 26 septembre, avec les écologistes et les libéraux. S’ils y parviennent, l’actuel ministre des finances, le social-démocrate Olaf Scholz, lui succédera.
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