Tribune. Au Soudan, le coup d’Etat militaire dirigé par le général Al-Bourhane vient de mettre un terme brutal à la période de transition ouverte par la mise à l’écart du dictateur islamo-militaire Omar Al-Bachir le 11 avril 2019. La mobilisation impressionnante des citoyens, qui avait paralysé le pays pendant des mois, avait alors incité l’armée à reprendre à son compte les exigences exprimées de changement de régime, de pain et de liberté de manifestation.
Omar Al-Bachir est tombé, renversé par les siens, ceux-là mêmes, qui ont peu ou prou participé aux exactions commises au Darfour, dans les monts Nouba ou au Nil Bleu et qui ont largement bénéficié du système de prédation de la richesse publique du pays.
Tirs meurtriers
Ce compromis d’un gouvernement de transition civil et militaire, dirigé par le premier ministre Abdallah Hamdok, mais chapeauté par un Conseil de souveraineté, dominé par l’armée, a fait long feu. Les masques sont tombés. Le général Al-Bourhane, président de ce Conseil, a pris le pouvoir le 24 octobre, avec comme complice le vice-président, le colonel Hemetti, chef des sinistres janjawids, rebaptisés Forces de soutien rapide. Tous deux impliqués jusqu’à peu dans les crimes de masse commis au Darfour, puis dans les massacres de manifestants pacifiques de 2019 et enfin dans la répression actuelle.
Al-Bourhane prétend « rectifier le cours de la transition » et repousser les élections initialement prévues pour 2022. L’état d’urgence a été proclamé, l’Internet coupé et les arrestations se sont multipliées. Des manifestations spontanées contre le putsch ont lieu dans tout le pays, brutalement réprimées par des tirs meurtriers. Les partisans d’un gouvernement civil appellent à un mouvement de désobéissance civile.
Le pays, économiquement exsangue, a besoin d’aide financière urgente et de coopération internationale. Pourtant, l’armée préserve ses puissants intérêts économiques, alors que ses comptes échappent à la supervision du ministère des finances et ont bénéficié d’une incroyable progression de 34 à 50 milliards de dollars (environ 29 à 43 milliards d’euros) pour l’année 2020, obtenue au prétexte d’un « budget de paix ».
Le Soudan sort d’une longue période de marginalisation internationale en raison de ses liens avec le terrorisme, notamment islamiste, symbolisé d’abord par l’accueil de Ben Laden ou de Carlos, puis par le soutien à des groupes comme la Séléka de République centrafricaine, Boko Haram, les Shebab somaliens ou les groupes djihadistes en Libye.
Il vous reste 58.02% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
L’article « Il est impératif de mettre le gouvernement putschiste soudanais au ban des nations » est apparu en premier sur zimo news.