Pour les employés de l’Institut nicaraguayen des postes et télécommunications (Telcor), c’était un travail de bureau comme un autre, du lundi au vendredi, de 9 heures à 17 heures, avec une pause déjeuner pour se ressourcer et quelques permanences le week-end. Pour Meta, la maison mère de Facebook, c’était une usine à trolls (troll factory, en anglais) du gouvernement du Nicaragua pour manipuler le débat public en ligne. Lundi 1er novembre, le groupe californien a annoncé avoir détecté et éliminé 937 comptes Facebook, 363 comptes Instagram, 140 pages Facebook et 24 groupes du réseau social qui partageaient des messages progouvernementaux et discréditaient les opposants.
« C’était l’une des plus grandes opérations de trolls intergouvernementales que nous avons éliminées à ce jour, avec plusieurs entités étatiques participant à cette activité en même temps, peut-on lire dans le rapport détaillé publié par Meta. Elle était principalement menée par des employés de Telcor des locaux du siège de l’entreprise publique à Managua. D’autres faux comptes, plus petits, (…) étaient gérés de la Cour suprême et l’Institut national de sécurité sociale. »
Daniel Ortega brigue un quatrième mandat
Tous « ces groupes étaient connectés techniquement à l’opération principale, ce n’étaient donc pas des efforts séparés, c’étaient des ramifications du réseau principal », a déclaré le responsable mondial de la sécurité de Meta contre les opérations d’influence, Ben Nimmo, ajoutant que « l’usine à trolls a créé ou inventé de prétendus moyens de communication sur des sites comme Blogspot et WordPress, et les diffusait grâce à des comptes Twitter, YouTube, Telegram et TikTok, ainsi que Facebook et Instagram ».
L’usine à trolls fonctionnait depuis avril 2018, au moment où le président nicaraguayen, Daniel Ortega, réprimait violemment des manifestations qui réclamaient sa démission, faisant au moins 300 morts. Au pouvoir depuis 2007, M. Ortega brigue dimanche un quatrième mandat d’affilée. Sept de ses adversaires potentiels pour l’élection présidentielle ont été arrêtés – emprisonnés ou assignés à résidence – depuis le mois de juin, ainsi qu’une quarantaine d’opposants.
Ben Nimmo a précisé que cette suppression était liée au « comportement » des utilisateurs sur la plate-forme, ainsi qu’au « recours aux faux comptes » et non au « contenu publié », Meta ne souhaitant pas que cette suppression soit perçue comme un engagement politique de sa part.
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