Le Parti libéral-démocrate (PLD), qui domine la vie politique japonaise pratiquement sans discontinuer depuis 1955, a remporté les législative du 31 octobre en enregistrant une faible baisse du nombre de ses députés, passé de 276 à 261 sur 465 sièges à la Chambre basse. Ce qui assure à la coalition gouvernementale qu’il forme avec le parti centriste Komeito une majorité confortable de 293 députés. Mais quand le nouveau premier ministre, Fumio Kishida, se prévaut de « la volonté du peuple pour que [son] gouvernement dessine l’avenir du pays », il va un peu trop vite en besogne.
Une opposition éparpillée en une dizaine de petites formations peinant à apparaître comme une alternance crédible, un taux d’abstention élevé et un système électoral qui donne aux circonscriptions rurales un poids disproportionné par rapport aux villes obligent à nuancer le succès du PLD. Ce que ce scrutin a mis en lumière avant toute chose, c’est l’engourdissement persistant du fonctionnement de la démocratie japonaise.
Le taux d’abstention de plus de 45 % confirme une tendance observée depuis une dizaine d’années : près de la moitié de l’électorat, en particulier les jeunes et les opposants, semble considérer qu’un bulletin ne change rien au maintien au pouvoir du PLD. Ceux qui votent sont les seniors et les habitants des zones rurales – donc l’électorat conservateur. De 70 % en 2009, le taux de participation est tombé à à peine plus de 50 %.
Reproduction des élites
Le PLD semble si assuré de se maintenir au pouvoir qu’il ignore les attentes de la population, passant outre les souhaits de l’opinion tels qu’ils apparaissaient dans les sondages. Il l’a fait cet été avec la tenue des Jeux olympiques de Tokyo, à laquelle s’opposait la majorité de la population, puis lors de l’élection de son nouveau président, qui en fait ipso facto le premier ministre, étant donné la majorité quasi automatique dont dispose le PLD.
Pour obtenir la victoire de leur favori, les caciques du parti ont fait abstraction des préférences de l’opinion, qui allaient à Taro Kono, ministre chargé de la lutte contre la pandémie de Covid-19 dans le gouvernement sortant, populaire et plus indépendant que le malléable Fumio Kishida. Une préférence confirmée au premier tour du scrutin par les représentants des adhérents du parti. Au second tour, les parlementaires, seuls appelés à voter, ont repris la main et fait prévaloir les consignes de leurs chefs de clan. Ceux-ci décident de la répartition des portefeuilles et choisissent – point important pour les députés sortants – les candidats aux législatives.
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