C’est un procès sensible qui s’est ouvert aux Etats-Unis, lundi 1er novembre à Kenosha, dans le Wisconsin, où Kyle Rittenhouse, 18 ans, militant d’extrême droite américain, est accusé de meurtres pour avoir abattu deux hommes lors de heurts en marge des grandes manifestations antiracistes le 25 août 2020.
Les audiences ont commencé dans la matinée par la sélection des douze jurés et leurs huit remplaçants, parmi cent cinquante jurés potentiels, et devraient durer deux à trois semaines. Ce jury devra rester « juste et impartial » pour « parvenir à une décision rationnelle » dans cette affaire « très politique » qui a été largement médiatisée dans le pays, a souligné le juge Bruce Schroeder, qui préside les débats. Le tribunal, situé dans le centre-ville où s’étaient rassemblés des centaines de manifestants pendant plusieurs jours l’année dernière, fait l’objet d’importantes mesures de sécurité.
Justin Blake, oncle de Jacob Blake, manifeste devant le palais de justice où se tient le procès de Kyle Rittenhouse. Le 23 août 2020, Kenosha s’était enflammé après qu’un policier blanc eut grièvement blessé un jeune homme noir, Jacob Blake, en lui tirant dans le dos lors d’une tentative d’interpellation. SCOTT OLSON / AFP
Lors des débats, les procureurs devraient dépeindre Kyle Rittenhouse comme un extrémiste de droite venu précisément à Kenosha pour en découdre avec les manifestants antiracistes. Ses avocats plaideront eux le droit à l’autodéfense, assurant qu’il a tiré pour se protéger d’émeutiers qui le poursuivaient.
Armé d’un fusil d’assaut
Agé de 17 ans, ce suprémaciste blanc originaire d’Antioch, petite bourgade de l’Etat voisin de l’Illinois, s’était joint à des hommes armés qui se présentaient comme des « groupes d’autodéfense » désireux de protéger la ville de Kenosha, secouée par des émeutes après une bavure policière. Le 23 août 2020, Kenosha s’était enflammé après qu’un policier blanc eut grièvement blessé un jeune homme noir, Jacob Blake, en lui tirant dans le dos lors d’une tentative d’interpellation.
Des vidéos mises en ligne le 25 août montrent Kyle Rittenhouse armé d’un fusil d’assaut au milieu de manifestants. Sur l’un des enregistrements, il paraît s’enfuir alors qu’un autre jeune s’écroule au sol, atteint par une balle dans la tête. Dans une autre vidéo, on le voit être poursuivi par un groupe, tomber à terre, se retourner l’arme à la main. Des tirs sont alors audibles. Joseph Rosenbaum et Anthony Huber succombent aux tirs. Un troisième manifestant, Gaige Grosskreutz, a été blessé.
Kyle Rittenhouse, arrêté peu après, avait été inculpé pour meurtres et remis en liberté contre le versement d’une caution de 2 millions de dollars. Il plaide non coupable et encourt la réclusion à perpétuité.
Des victimes qualifiées d’« émeutiers » ou de « pilleurs »
L’affaire avait eu une résonnance politique, en pleine campagne présidentielle américaine. Donald Trump, candidat à sa réélection, s’était rendu à Kenosha début septembre 2020, et avait alors refusé de condamner les actes de M. Rittenhouse. « Vous avez vu la vidéo, il essayait de leur échapper, avait alors commenté M. Trump. J’imagine qu’il était dans de sales draps et qu’il aurait probablement été tué. »
Depuis, le jeune homme est devenu une égérie dans certains milieux de droite pour qui la grande mobilisation contre les violences policières de l’été 2020 était l’œuvre de radicaux violents, d’« antifas » (antifascistes) ou « d’anarchistes ».
Le juge Schroeder, un magistrat expérimenté, a également provoqué une polémique en refusant que les procureurs parlent de « victimes » à propos des personnes tuées ou blessées par Kyle Rittenhouse, tout en autorisant ses avocats à les qualifier d’« émeutiers » ou de « pilleurs ».
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