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Taxation internationale, réchauffement climatique, aide aux pays en développement… les engagements du G20 à Rome

Certains membres du G20 jettent une pièce de monnaie dans l’eau lors d’une visite à la fontaine de Trevi, dans le centre de Rome, le 31 octobre 2021, en marge du sommet du G20. ANDREAS SOLARO / AFP

Un week-end décisif à Rome. Réunis dans la capitale italienne samedi 30 et dimanche 31 octobre pour le sommet du groupe des Vingt (G20), les dirigeants des grandes économies de la planète se sont mis d’accord sur plusieurs mesures économiques mais sont restés encore flous concernant les objectifs climatiques, à quelques heures de l’ouverture de la COP26 en Ecosse.

Samedi soir, lors du dîner des dirigeants, le président italien, Sergio Mattarella, a déclaré :

« Nous ne devons pas laisser à ceux qui viendront après nous une planète en proie à des conflits, dont les ressources ont été gaspillées. C’est à nous qu’il incombe de faire une percée décisive pour surmonter ces fardeaux. Le moment est venu. Les yeux de milliards de personnes, de peuples entiers, sont braqués sur nous et sur les résultats que nous pouvons obtenir. »

Deux accords « historiques » sur la taxation mondiale et sur les droits de douane

Les dirigeants des grandes économies du G20 ont donné, samedi à Rome, l’ultime feu vert à une réforme de la fiscalité mondiale. Cet « accord historique », selon les mots de la secrétaire au Trésor américain, Janet Yellen, prévoit notamment d’instaurer une taxation minimale de 15 % pour les multinationales, avec l’objectif d’une mise en œuvre à l’horizon 2023. « Depuis quatre ans, je me bats pour mettre en œuvre une taxation internationale d’au moins 15 % pour les entreprises multinationales. Ce soir, nous y sommes ! », s’est réjoui le président de la République française, Emmanuel Macron, tandis que la chancelière allemande, Angela Merkel, saluait « un grand succès » et « un signal clair d’équité ».

A Rome, la secrétaire américaine au commerce, Gina Raimondo, a dévoilé un autre accord qualifié d’« historique », cette fois-ci pour lever certains droits de douane sur les importations d’acier et d’aluminium qui empoisonnaient les relations commerciales entre Washington et Bruxelles depuis l’imposition de ces taxes par l’administration de l’ancien président des Etats-Unis Donald Trump. Cela doit permettre à « des quantités limitées d’importations européennes d’acier et d’aluminium d’entrer aux Etats-Unis en franchise de droits », a-t-elle précisé.

Un objectif de réchauffement maintenu à + 1,5 °C

Le G20 a réaffirmé l’objectif de l’accord de Paris qui est de maintenir le réchauffement « bien en deçà » de + 2 °C, si possible à + 1,5 °C, par rapport à l’ère préindustrielle. Un plafond qui est de fait devenu l’objectif prioritaire depuis. Mais, dans leur communiqué, les pays ont voulu aller un peu plus loin en ajoutant que « conserver [l’objectif de] 1,5 °C à portée nécessitera[it] des actions et des engagements significatifs et efficaces de tous les pays ».

Le G20, qui comprend des pays développés comme les Etats-Unis et les membres de l’Union européenne, mais aussi les grandes économies émergentes comme la Chine, la Russie, le Brésil ou l’Inde, représente 80 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. « Leur réponse sera décisive pour garder [l’objectif de] 1,5 °C accessible », a estimé Alok Sharma, un homme politique britannique conservateur désigné président de la COP26.

Selon la dernière évaluation de l’ONU, qui prend en compte les nouveaux engagements d’une majorité des pays signataires, le monde se dirige toujours vers un réchauffement « catastrophique » de + 2,7 °C. Ou, au mieux, + 2,2 °C, si on prend en compte les promesses souvent « vagues » de neutralité carbone pour le milieu du siècle.

« Le milieu du siècle » est précisément la formulation retenue par le G20 dans le document final. Un horizon moins précis que la date de 2050 voulue notamment par la présidence italienne du G20, « mais tout à fait significatif, considérant la diversité des pays qui participent au G20 », selon la présidence française, qui évoque « un objectif commun ».

La COP26 est « le dernier et le meilleur espoir » de parvenir à limiter le réchauffement de la planète à + 1,5 °C, a déclaré le président de la conférence, Alok Sharma, à l’ouverture de celle-ci en Ecosse. Pendant la pandémie de Covid-19, « le changement climatique n’a pas pris de vacances. Tous les voyants sont au rouge sur le tableau de bord du climat », a-t-il ajouté, au premier jour de deux semaines d’une réunion considérée comme cruciale pour l’avenir de l’humanité.

La fin des subventions pour de nouvelles centrales au charbon à l’international d’ici à la fin de 2021

Les pays du G20 se sont également entendus pour arrêter de subventionner de nouveaux projets de centrales électriques au charbon à l’étranger. « Nous mettrons fin à l’octroi de financement public à l’international pour de nouvelles centrales électriques au charbon d’ici à la fin de 2021 », précise le texte final. En revanche, ils n’ont fixé aucun objectif clair pour l’élimination progressive du charbon au niveau national. Le président du Conseil européen, Charles Michel, avait reconnu plus tôt que la question était difficile notamment « pour certains pays dépendant du charbon ».

Le G20 s’est tenu sans la Chine – premier émetteur mondial de gaz à effet de serre devant les Etats-Unis – ni la Russie, Xi Jinping et Vladimir Poutine étant retenus dans leurs pays respectifs en raison de la situation sanitaire. Ils sont intervenus par visioconférence, mais leurs chaises vides à Rome ont fait craindre à certains un rendez-vous manqué avec l’histoire.

Pékin a tout de même montré un signe d’inflexion en promettant, en septembre, de cesser de construire des centrales au charbon à l’étranger. Mais la Chine dépend encore énormément de cette énergie fossile très émettrice de CO2, notamment pour faire tourner ses centrales électriques dans le contexte actuel de crise énergétique. L’avenir du charbon, source essentielle d’émissions de gaz à effet de serre, a été l’un des points sur lesquels les membres du G20 ont eu le plus de mal à s’entendre.

100 milliards de dollars de fonds du FMI destinés aux pays vulnérables

Les pays du G20 se sont engagés à reverser aux pays vulnérables 100 milliards de dollars (environ 86,5 milliards d’euros), sur le montant global de 650 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux (DTS) émis par le Fonds monétaire international (FMI). L’objectif affiché étant d’affronter la crise engendrée par la pandémie de Covid-19, selon le projet de texte final. Les DTS sont répartis en fonction des parts de chaque pays au FMI, le plus gros va donc aux pays les plus riches. Sur le papier, l’Afrique ne bénéficierait ainsi que de 34 milliards de dollars, d’où l’idée de certains pays développés de reverser leur part aux plus vulnérables.

« Nous nous félicitons des récentes promesses de dons d’une valeur d’environ 45 milliards de dollars comme une étape vers une ambition mondiale totale de 100 milliards de dollars de contributions volontaires pour les pays les plus dans le besoin », ont déclaré les dirigeants.

Mais les pays développés n’ont pas honoré leur promesse, pourtant faite il y a douze ans, de mobiliser 100 milliards de dollars par an, dès 2020, afin d’aider les pays en développement à faire face au dérèglement climatique. D’où ce nouveau compromis acquis dans le week-end parmi les pays du G20, qui ne s’étaient jusqu’à présent jamais accordés sur un montant à reverser aux pays en développement.

Il reste aux pays développés, à commencer par les Etats-Unis, à préciser chacun sa contribution. La France s’est également engagée à « réorienter 20 % de l’argent qu’elle reçoit du FMI vers le continent africain », selon l’annonce faite par le président Emmanuel Macron. Un engagement similaire portant sur 20 % de ses DTS a été pris par le Royaume-Uni, et le Japon a promis de reverser 4 milliards de dollars.

Le Monde avec AP, AFP et Reuters

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