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« La localisation de la frontière franco-britannique à Calais est un obstacle à la demande d’asile au Royaume Uni »

Tribune. Faudra-t-il qu’il y ait autant de morts dans la traversée de la Manche que dans celle de la Méditerranée pour que s’élabore une réponse à la question de l’accès au droit d’asile à la frontière britannique ? Jusqu’ici, la situation, à Calais (Pas-de-Calais) et autour, est décrite tantôt par des critiques fondées, tantôt par des « tout va bien ». Mais de solution proposée, point.

Le nombre des migrants extra-européens à Calais s’est apparemment stabilisé depuis l’évacuation de la « jungle » en 2016. Les évacuations systématiques de tout campement, pratiquées depuis par les autorités françaises (la police) maintiennent le nombre de migrants présents à Calais autour de mille ou deux mille. Au prix d’une sévère dégradation de leurs conditions de vie, que nos maraudeurs connaissent bien, et que la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) a relevées dans son avis du 11 février. Mais les flux, de départs comme d’arrivées, mesurés comme on l’imagine, augmentent sensiblement.

Ces départs se font maintenant dans deux directions : en France, soit par les mises à l’abri plus ou moins loin de Calais, où souvent ils reviennent, soit spontanément par la poursuite de leurs errances, notamment celles des déboutés ou des « dublinés » venus d’un autre Etat membre de l’Union européenne (UE) ; ou vers le Royaume-Uni, par des passages clandestins et dangereux, par bateau, depuis que les voies terrestres sont effectivement fermées (plus de 10 000 depuis le début de 2021 ; jusqu’à presque 1 000 certains jours d’août).

Equivalent à un refoulement

Ces migrants ne sont pas suffisamment informés sur leurs droits, comme le souligne le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), à Paris comme à Londres. Mais on doit les regarder pour une part importante comme des demandeurs d’asile au Royaume-Uni, empêchés par la localisation de cette frontière à Calais d’y formuler cette demande.

On le voit au fait que ces migrants ne demandent pas, ou très peu, à présenter une demande d’asile en France lorsqu’ils sont mis à l’abri dans un dispositif français qui le permet, un centre d’accueil et d’examen des situations administratives (CAES) ; et au fait que ceux qui passent clandestinement au Royaume-Uni par bateau demandent en revanche systématiquement l’asile à leur arrivée au Royaume-Uni (98 % des arrivées enregistrées en 2021), et sont d’ailleurs ensuite reconnus réfugiés dans une proportion habituelle (de l’ordre de 50 %) au regard des taux moyens de reconnaissance des demandeurs d’asile en Europe.

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