Une centaine de jeunes français triés sur le volet participent à la COP26, qui démarre dimanche à Glasgow, en Écosse. La curiosité de découvrir les coulisses de la diplomatie climatique, une volonté de faire entendre leur voix, le désir d’échanger avec des associations du monde entier… Quatre participants expliquent à France 24 leurs aspirations avant le début de la Conférence.
Ils vont être les yeux et les oreilles des jeunes défenseurs pour le climat. Une centaine de Français, âgés de 18 à 25 ans, ont été sélectionnés pour participer à la COP26, qui débute dimanche 31 octobre. À Glasgow, ils vont observer les négociations et porter la voix de la société civile.
Parmi eux, Titouan, Leïla, Gabin et Loreleï. Tous les quatre sont étudiants et membres actifs d’associations de défense de l’environnement. Si tous partagent un certain pessimisme quant aux résultats de ce rendez-vous, pourtant présenté comme « crucial », ils sont unanimes : il est important d’y être, et tous veulent transmettre ce qu’ils auront appris pendant la COP à leur retour.
Leïla, 23 ans, veut « porter la voix des jeunes »
« On ne peut plus attendre », martèle auprès de France 24, Leïla Cartier. L’objectif de cette étudiante de 23 ans est clair : donner de la voix à la COP26 et faire entendre le plus possible celle de la société civile auprès des négociateurs. « Le réchauffement climatique est un enjeu primordial. On ne peut plus laisser les dirigeants se désengager », insiste-t-elle.
Sensibilisée à la question climatique depuis le lycée, Leïla a commencé à se mobiliser pendant ses études de commerce à travers plusieurs projets étudiants. Parmi eux, justement, des ateliers liés aux COP avec des simulations de débats. En janvier dernier, elle a décidé de renforcer son engagement et de devenir bénévole auprès de CliMates. Parmi les missions de cette association : sensibiliser le public au réchauffement climatique, effectuer des plaidoyers auprès des médias ou encore envoyer, chaque année, des jeunes dans les grands rendez-vous sur le climat.
« Début septembre, on m’a chargée de coordonner la délégation qui se rend à Glasgow », explique Leïla. Au total, Leïla et sept autres personnes font partie de l’équipe ; quatre Français et quatre étrangers – du Mali, d’Inde, du Népal et d’Haïti. « Un sacré casse-tête avec la pandémie », rit la jeune activiste, « mais c’est important qu’il y ait le plus de jeunes possible. » Sur place, ils vont se partager les tâches, voguant de salle de réunion en salle de réunion, participant à des conférences, rencontrant des militants du monde entier. Tout cela fera ensuite l’objet d’articles à destination de tous.
Outre ce devoir d’information, la jeune femme espère avoir l’occasion d’interpeller au maximum des négociateurs. Elle n’exclut pas, par ailleurs, une opération coup de poing. « La majorité des associations comme CliMates vont prendre le même train pour se rendre en Écosse. Il n’est pas impossible qu’on coordonne une action à ce moment-là », précise-t-elle.
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Titouan, 22 ans : « La COP va servir à rencontrer les acteurs de demain »
Quand on lui demande ce qu’il attend de la COP26, Titouan Rio, 22 ans, ne cache pas son défaitisme. « Les dirigeants d’aujourd’hui ont déjà raté le coche. En termes de négociations, ce rendez-vous ne servira certainement pas à grand-chose », déplore-t-il, auprès de France 24.
Pour cet étudiant en information et communication et président de l’association Jeunes ambassadeurs pour le climat, l’enjeu de la COP se trouve à l’extérieur des salles de discussion, dans tous les échanges informels qui auront lieu autour. « Pour moi, c’est avant tout l’occasion de rencontrer les acteurs de demain dans la lutte contre le réchauffement climatique. Ceux qui feront vraiment la différence », explique-t-il. « Le plus important, ce sont toutes les synergies que l’on peut créer ensemble. »
Titouan attend, cependant, avec impatience un rendez-vous officiel : le 5 novembre, une journée dédiée à la mobilisation de la jeunesse. « Le collectif YouNgo donnera les conclusions de la pré-COP de la jeunesse organisée en septembre », détaille-t-il. « Mais surtout, ce sera le moment, pour nous, de prendre la parole. Nous espérons simplement que des diplomates et scientifiques seront là pour nous écouter. »
Malgré tout, le jeune homme observera avec attention les négociations. « On va en apprendre le plus possible. Essayer de comprendre les limites. Avec un seul objectif : « S’en servir pour revoir nos interventions à notre retour et, surtout, préparer notre action pour la prochaine COP. »
Pour Gabin, 20 ans, « les COP doivent continuer d’exister »
Gabin serait presque un habitué des COP. Déjà présent à Madrid en 2019, il sera à Glasgow à partir du dimanche 31 octobre. De sa première expérience, cet étudiant en sciences politiques retient « l’effervescence », « le rythme effréné » et les « multiples conversations devant les stands de la société civile ».
Mais il se souvient aussi du sentiment mitigé ressenti à son retour à Paris, entre euphorie et frustration. « Toutes ces rencontres avec les membres de la société civile du monde entier nous donnent plein d’espoir. Il y a une émulation immense. On se rend compte de ce que chacun peut faire concrètement, à son échelle », se souvient-il. « Mais on voit aussi la réalité des négociations avec l’impression, amère, que les États sont totalement déconnectés de la réalité. »
C’est d’ailleurs après cette expérience, convaincu plus que jamais de la nécessité d’agir à l’échelle locale, que Gabin, déjà mobilisé dans plusieurs associations de défense de l’environnement, s’est lancé dans une nouvelle aventure, politique cette fois-ci. Depuis mars 2020, il est conseiller municipal nature et biodiversité de la petite commune de Mennecy, dans l’Essonne. « Je suis passionné depuis toujours par la politique et convaincu de la nécessité d’agir pour le climat. J’ai décidé d’allier les deux. »
Pour cette COP, « ma démarche n’est plus du tout la même », avoue-t-il. « En 2019, j’étais idéaliste, et un peu naïf. Je voulais changer le monde. Je voulais participer à des actions collectives pour faire entendre la voix des jeunes, je voulais interpeller nos dirigeants », raconte-t-il. « Aujourd’hui, je veux être au plus près des négociations. Je veux comprendre ce qu’il se passe lors de ces discussions et là où ça bloque. »
« Concrètement, je ne pense pas que cette COP26 va être la solution. Il n’y a pas de raison d’espérer qu’elle soit plus efficace qu’une autre », avoue le jeune homme. « Mais je reste persuadé que cet espace de discussion entre les États est primordial et qu’on ne peut pas s’en passer. » À son retour, l’étudiant se replongera dans ses études avec l’espoir, à terme, d’être l’un des acteurs de cette diplomatie climatique.
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Loreleï, 22 ans, dans les coulisses de la délégation française
À 22 ans, Loreleï Lankester est l’une des deux jeunes déléguées françaises à la COP. En 2020, cette étudiante en master Sciences politiques et Environnement à Sciences Po a été sélectionnée par le ministère de la Transition écologique pour accompagner la délégation française dans les négociations pendant deux ans. Cantonnée à des réunions en visioconférence pendant plusieurs mois à cause de la crise sanitaire, elle va participer en chair et en os à une COP pour la première fois.
« Notre rôle consiste à prêter main-forte à la délégation pendant toute la durée de la COP26. On peut se rendre à la place des négociateurs à certains événements, suivre les débats sur une question en particulier, aider à rédiger des comptes rendus », détaille la jeune femme, auprès de France 24. « Nous avons aussi accès aux boucles de discussion sur les négociations… Nous sommes vraiment au cœur de l’action. »
Pour Loreleï, l’objectif était avant tout de « découvrir les coulisses de la diplomatie ». « On a toujours l’image d’une bande de quinquagénaires blancs autour d’une table. Je voulais voir à quoi cela ressemblait vraiment et, surtout, comprendre où les choses coincent sur la question climatique. » Et pour arriver préparée à Glasgow, il lui aura fallu des heures et des heures de bachotage. « Au début, c’est très difficile de suivre les discussions. Il y a énormément de sigles, de jargons à connaître… Heureusement, les négociateurs sont pédagogues et répondent à nos questions. »
À quelques jours de l’ouverture de l’événement, l’étudiante se veut tout de même optimiste. « J’ai envie de croire que les choses peuvent vraiment avancer pendant cette COP. Le fait même que beaucoup de dirigeants se déplacent pour l’ouverture est un signal encourageant », souligne-t-elle. « Mais penser que tout pourrait être réglé maintenant serait irréaliste. » Son souhait ? « Que, bientôt, les COP ne servent plus à négocier entre États mais à organiser la mise en œuvre de mesures concrètes à l’échelle mondiale. »
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