L’économie française a enregistré au troisième trimestre l’un de ses meilleurs taux de croissance en un demi-siècle, à 3%, lui permettant de quasiment revenir au niveau d’avant-crise, malgré les pénuries mondiales qui ont freiné l’industrie.
« C’est un chiffre qui est au-delà nos espérances », a déclaré à l’AFP le ministre de l’Économie Bruno Le Maire quelques minutes après la publication du chiffre par l’Insee, le qualifiant de « résultat exceptionnel ».
« Je voudrais remercier tous les Français qui ont participé à cette croissance avec leur consommation, tous les entrepreneurs qui ont investi, qui se sont remis à exporter, tous les salariés qui se sont remis au travail après cette crise », a détaillé Bruno Le Maire pour lequel « ce résultat est le fruit d’un effort collectif ».
Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire (D) sur le perron de l’Elysée à Paris le 27 octobre 2021 au côté du ministre aux Relations avec le Parlement Marc Fesneau (AFP – Ludovic MARIN)
Comme s’en est félicité le ministre alors que la pré-campagne présidentielle est lancée, il s’agit de la croissance la plus élevée depuis le troisième trimestre 1968, hormis le rebond de l’été 2020 (+18%) suite au premier confinement.
La croissance du troisième trimestre est supérieure à toutes les estimations faites par les analystes et les institutions, l’Institut national des statistiques ayant lui-même prévu 2,7% dans sa prévision réalisée en septembre, et la Banque de France 2,3%.
L’estimation de croissance pour le deuxième trimestre est par ailleurs révisée en hausse à 1,3%, a encore rapporté l’Insee. Au premier trimestre, elle était nulle.
Même si l’économie stagnait au dernier trimestre de l’année, la croissance sur l’année serait donc au minimum de 6,6%, a expliqué à l’AFP Charlotte de Montpellier, économiste de la banque ING… donc largement au-dessus des prévisions du gouvernement et de l’Insee, qui étaient de 6,25%.
Avec la réouverture des secteurs liés aux loisirs et au tourisme, les dépenses de consommation des ménages ont notamment fortement accéléré, gagnant 5% sur un trimestre, a précisé l’Institut.
PIB de la France (AFP – )
« Nous avons une politique économique qui a protégé la rémunération des salariés pendant la crise, ça a favorisé la consommation », a souligné Bruno Le Maire qui a expliqué que les Français ont commencé à dépenser une partie des 160 milliards d’euros accumulés pendant la crise sanitaire.
– Pas de bois, pas d’acier –
Les exportations françaises ont augmenté et les importations sont restées quasi-stables, si bien que la contribution du commerce extérieur à la croissance est positive de 0,6 point de PIB au troisième trimestre, selon l’Insee.
La production totale de biens et services marchands est largement tirée par les services, l’activité de l’hôtellerie-restauration, largement à l’arrêt durant la crise sanitaire, bondissant de 43,4% sur le trimestre.
En revanche, la production de biens manufacturiers reste à 6% en dessous de son niveau d’avant-crise.
« C’est la pénurie de semi-conducteurs, la pénurie de matières premières et de matériaux », qui expliquent cette situation, selon Bruno Le Maire.
« Quand vous regardez dans la construction, il n’y a pas de bois, pas d’acier, pas d’aluminium », a-t-il ajouté.
Le rebond de l’activité a aussi fait baisser le nombre de chômeurs de 5,5% sur le trimestre, tandis que de nombreux secteurs, à commencer par l’hôtellerie-restauration, connaissent des difficultés de recrutement.
Mais le pouvoir d’achat, qui n’a pas été entamé par la récession historique qu’a connu le pays, et qui a progressé selon le gouvernement de 8% depuis le début du quinquennat, est redevenu à l’automne une source de préoccupation pour de nombreux ménages avec la très forte hausse des prix de l’énergie.
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