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France-Royaume-Uni : les multiples raisons d’une brouille profonde

Une banderole accrochée à un bateau de pêche français lors d’une protestation devant le port de Saint-Hélier, au large de l’île britannique de Jersey, en mai 2021. SAMEER AL-DOUMY / AFP

Migration, Brexit, pêche, alliance Aukus… Rien ne va plus entre Londres et Paris : les médias conservateurs britanniques ne ratent pas une occasion de brocarder Emmanuel Macron en Napoléon jaloux et velléitaire, et les médias français de dépeindre Boris Johnson en menteur invétéré. La brouille va bien au-delà de la classique rivalité entre deux voisins, si semblables par leur passé d’anciens empires coloniaux et leur prétention au rayonnement international. Le Brexit semble faire l’effet d’un poison lent entre les deux pays.

Le gouvernement Johnson tient le gouvernement Macron en partie responsable du traité de divorce, jugé inadéquat par les Britanniques, et de l’accord commercial post-Brexit, qu’ils estiment frustrant. Il est vrai que la France s’est montrée la plus dure dans l’interminable négociation menant à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE), au cours de laquelle les Vingt-Sept sont restés unis. « Elle pensait, à tort, que le Royaume-Uni allait devenir une sorte de Singapour-sur-Tamise dérégulé. Elle voulait aussi capter des parts de marché à la City ou au secteur automobile », juge Charles Grant, directeur du Center for European Reform. « Paris a aussi tenu cette ligne très dure pour priver les partis extrêmes d’arguments en faveur du Brexit », ajoute l’expert.

Dix-huit mois après le divorce, Paris ne supporte pas que Londres instrumentalise la situation particulière de l’Irlande du Nord pour réclamer une renégociation du protocole nord-irlandais. Une stratégie que Jonathan Powell, ex-directeur du cabinet de l’ancien premier ministre Tony Blair, a qualifiée de « vandalisme » dans les colonnes du Financial Times. « Le premier ministre veut continuer la bataille du Brexit, parce que cela sert ses intérêts politiques », estime le député travailliste Hilary Benn, qui fut à la pointe du combat contre le Brexit. Les Français en sont aussi convaincus : M. Johnson entretient la flamme de la dissension avec l’UE pour renforcer sa popularité au sein du parti tory.

Un graffiti « Non à la frontière maritime nord-irlandaise », dans une rue de Belfast, en février 2021. PETER MORRISON / AP

« Plus de torts côté britannique »

A Paris et Bruxelles, les diplomates ont, par ailleurs, du mal à garder leur sang-froid lorsque Downing Street multiplie les contrevérités sur les prétendus « gains » du Brexit. Boris Johnson et David Frost, ministre aux relations avec l’UE, ont ainsi attribué au Brexit le succès de la campagne vaccinale anti-Covid du printemps 2021, alors que rien n’aurait empêché un Royaume-Uni membre de l’UE de mener sa propre campagne vaccinale sans passer par les achats collectifs de Bruxelles.

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