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Etats-Unis : après six ans de pause, l’Oklahoma reprend les exécutions

Une chambre d’exécution dans le centre pénitentaire de McAlester, en Oklahoma, en octobre 2014. SUE OGROCKI / AP

La Cour suprême des Etats-Unis a autorisé, jeudi 28 octobre, l’Oklahoma à renouer avec les exécutions, après six ans de pause, et à procéder à l’injection d’un cocktail létal, soupçonné de causer d’atroces souffrances aux condamnés.

Après avoir reçu le feu vert, les autorités pénitentiaires de cet Etat conservateur du Sud ont injecté trois substances à John Grant, un Afro-Américain de 60 ans, condamné en 2000 à la peine capitale pour le meurtre d’une employée de prison.

Sa mort a été prononcée à 16 h 21 (23 h 21, heure de Paris) mais le condamné à mort a été secoué par des vomissements et des convulsions lors de son exécution. Ce protocole avait déjà été appliqué en 2014 et 2015, mais les souffrances apparentes des détenus avaient conduit l’Etat à déclarer un moratoire sur les exécutions.

John Grant « a commencé à convulser peu après l’injection du premier produit » a déclaré un journaliste de l’agence américaine AP, Sean Murphy, qui a assisté à la scène. Selon lui, il a convulsé une vingtaine de fois et a vomi à plusieurs reprises avant de s’éteindre. « J’ai été témoin de quatorze exécutions, je n’avais encore jamais vu ça », a ajouté le journaliste.

« Questions sérieuses » sur la conformité du produit

Son calvaire a immédiatement suscité de vives critiques. « L’Oklahoma avait saboté ses trois dernières tentatives d’exécution avant sa pause de six ans, mais n’a apparemment tiré aucune leçon de cette expérience », a commenté à l’Agence France-Presse (AFP) Robert Dunham, qui dirige le Centre d’information sur la peine de mort (DPIC).

Il y a quelques jours, les services pénitentiaires de l’Oklahoma avaient pourtant estimé dans un communiqué que leur protocole était « humain et efficace » et que les exécutions pouvaient reprendre.

L’avocat de plusieurs condamnés, Dale Baich, jugeait toutefois qu’il restait « des questions sérieuses » sur les douleurs occasionnées par ce cocktail létal et sur sa conformité avec la Constitution américaine qui interdit « les peines cruelles et inhabituelles ».

« Un procès sur ce point précis doit débuter en février et les exécutions ne devraient pas reprendre avant », avait-il argumenté.

Mercredi une cour d’appel lui avait donné raison et avait suspendu l’exécution. Mais les autorités de l’Oklahoma avaient immédiatement saisi la Cour suprême des Etats-Unis pour lui demander de renverser cette décision. Sans expliquer ses raisons, la haute juridiction a finalement donné in extremis son feu vert à l’exécution. Ses trois juges progressistes ont toutefois précisé qu’ils n’étaient pas d’accord avec la majorité conservatrice.

Une autre exécution prévue en novembre

Le protocole contesté combine un sédatif, le midazolam, et un anesthésiant, censés empêcher la douleur avant l’injection de chlorure de potassium à dose létale. Il avait été utilisé en 2014 pour exécuter Clayton Lockett, mais le condamné avait agonisé pendant 43 minutes dans d’apparentes souffrances.

En 2015, un autre condamné, Charles Warner, s’était plaint que son « corps brûlait » avant de s’éteindre, les bourreaux ayant utilisé un produit non conforme. La même erreur avait failli être reproduite en septembre 2015 et une exécution avait été reportée in extremis.

Suite à ces ratés, un grand jury avait ouvert une enquête et les autorités avaient accepté de suspendre l’application de la peine capitale. En 2020, elles ont finalisé un nouveau protocole et ont fixé en 2021 plusieurs dates d’exécution, à commencer par celle de John Grant, qui en 1998, avait tué une femme qui travaillait à la cafétéria de la prison où il purgeait une peine pour un cambriolage à main armée.

L’Oklahoma prévoit aussi d’exécuter le 18 novembre Julius Jones, un Afro-Américain de 41 ans, condamné en 2002 à la peine capitale pour le meurtre d’un homme d’affaires blanc qu’il a toujours nié. Son dossier a fait l’objet d’une série documentaire, d’un podcast et il est soutenu par de nombreuses associations et personnalités comme Kim Kardashian, convaincues de son innocence.

Il a perdu tous ses recours en justice, mais le bureau des grâces de l’Oklahoma a recommandé de commuer sa peine en détention à perpétuité. Le gouverneur n’a pas encore tranché.

Le Monde avec AFP

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