Son montant a été diminué de moitié pour convaincre les derniers récalcitrants. Les contours du plan Build Back Better (« reconstruire en mieux »), prévoyant de financer des politiques sociales et environnementales ambitieuses, ont été présentés par le président des Etats-Unis, Joe Biden, jeudi 28 octobre.
« Après des mois de négociations difficiles et intenses, nous avons un accord-cadre qui, je crois, peut être adopté », a-t-il tweeté, en appui d’un communiqué listant les principales mesures de son plan. Ce dernier est arrivé au Capitole dans l’après-midi, pour rencontrer les élus démocrates. Il reviendra ensuite à la Maison Blanche et prononcera un discours à 17 h 30 (heure de Paris).
Un accord représenterait une victoire politique majeure pour le président américain, qui a misé une partie de sa présidence sur l’adoption de plans d’investissements d’envergure pour réformer l’Amérique.
Tractations
M. Biden s’est rendu au Congrès afin de le pousser à adopter « le plus rapidement possible » ce projet de loi d’un montant de 1 750 milliards de dollars (1 500 milliards d’euros) sur une décennie. Le Congrès doit aussi valider un second plan de quelque 1 000 milliards de dollars destiné à moderniser les infrastructures du pays.
La Maison Blanche souligne que M. Biden a entendu « les commentaires de toutes les parties » et « négocié de bonne foi » avec les sénateurs centristes Joe Manchin et Kyrsten Sinema, la direction du Congrès ainsi qu’un « large éventail de membres du Congrès ». Les voix de M. Manchin et de Mme Sinema sont indispensables pour l’adoption de ces plans, car la majorité démocrate au Sénat est si ténue qu’une seule voix dissonante équivaut à un veto. Ces deux sénateurs ont jusqu’alors fait obstruction, jugeant le montant trop élevé, et se sont opposés à la manière de le financer, notamment par des hausses d’impôts sur les sociétés ou les ménages les plus aisés.
M. Biden et son administration n’ont pas cessé de mettre en avant l’importance de ces plans, arguant que les Etats-Unis sont en perte de compétitivité et font figure de mauvais élève parmi les pays avancés, que ce soit en matière d’éducation, d’environnement ou de filet de sécurité sociale.
Dans un document publié sur son site, la Maison Blanche relève ainsi que ce plan permettrait « à la plupart des familles américaines d’économiser plus de la moitié de leurs dépenses de garde d’enfants » et « offrira deux ans d’école maternelle gratuite pour chaque enfant de 3 et 4 ans en Amérique ». Aujourd’hui, la majorité des écoles du pays n’accueillent pas les enfants avant l’âge de 5 ans.
Ce plan prévoit aussi de poursuivre les crédits d’impôt pour enfants et d’élargir l’accès aux soins à domicile.
555 milliards pour le climat
Le président des Etats-Unis souhaite aussi présenter à ses partenaires internationaux – en Italie, pour le G20, comme à Glasgow (Ecosse), pour la Conférence des parties (COP26) sur le climat – l’image d’un pays engagé dans la transition énergétique et la croissance, ainsi que dans la lutte contre les inégalités sociales et l’évasion fiscale.
La Maison Blanche souligne ainsi dans son communiqué que le plan Build Back Better contient « le plus grand effort [financier] de lutte contre le changement climatique de l’histoire américaine », soit 555 milliards de dollars.
S’il était adopté, ce plan réduirait considérablement la pollution par les gaz à effet de serre (GES), « réduira[it] les coûts énergétiques des consommateurs (…), créera[it] des centaines de milliers d’emplois de haute qualité et fera[it] progresser la justice environnementale ». C’est un investissement « unique (…) dans l’histoire », il cible les bâtiments, les transports, l’industrie, l’électricité, l’agriculture et l’eau.
« Le cadre mettra les Etats-Unis sur la bonne voie pour atteindre leurs objectifs climatiques, en réalisant à l’horizon 2030 une réduction de 50 % à 52 % des émissions de GES en dessous des niveaux de 2005. »
La Maison Blanche maintient que ce plan peut être financé par « les grandes entreprises rentables ». Le projet de loi contient ainsi des mesures pour que ces entreprises « ne puissent pas réduire leur facture fiscale à zéro » et prévoit des dispositions pour que les millionnaires et les milliardaires mettent davantage la main au pot.
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