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Pêche post-Brexit : la France interdit aux bateaux britanniques de débarquer

Publié le : 27/10/2021 – 16:32

Le torchon brûle entre Paris et Londres. En conflit sur les licences de pêche post-Brexit, le gouvernement français a annoncé, mercredi, la mise en place d’une série de mesures de rétorsion, dont l’interdiction de débarquement et l’instauration de contrôles douaniers accrus dès le 2 novembre. 

Les tensions entre le Royaume-Uni et la France autour des licences de pêche post-Brexit prennent un nouveau tournant. « Interdiction de débarquement », « contrôles douaniers » accrus : la France a annoncé, mercredi 27 octobre, l’entrée en vigueur, dès le 2 novembre, d’une première salve de mesures de rétorsion contre Londres et les îles anglo-normandes si le nombre de licences accordées aux pêcheurs français reste insuffisant.

À l’issue du Conseil des ministres, après un dernier round de discussions tous azimuts, la décision est tombée : si aucun progrès n’est fait d’ici début novembre, Paris a décidé de « l’interdiction de débarquement de produits de la mer » britanniques en France et de la mise en place de « contrôles douaniers et sanitaires systématiques sur les produits (britanniques) débarqués ».

Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a aussi évoqué une riposte graduelle, avec une possible « deuxième série de mesures », « avec notamment des mesures énergétiques qui ont trait à la fourniture d’électricité pour les îles anglo-normandes ».

Réagissant aux menaces françaises, le porte-parole du Premier ministre britannique, Boris Johnson, a rétorqué qu’il n’y avait eu « aucun contact formel » avec le gouvernement français sur ce point.

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« Il est important de souligner que 98 % des licences de pêche ont été accordées. Nous continuons à travailler avec le gouvernement français pour en accorder davantage sur la base des preuves qu’il fournit », a-t-il ajouté, citant un chiffre qui diffère grandement de celui brandi par les Français.

Dans la soirée, un communiqué conjoint du ministère français de la Mer et du secrétariat aux Affaires européennes est venu préciser les mesures prises : « interdiction de débarquement des navires de pêche britanniques dans les ports désignés », c’est-à-dire les six ports français où la débarque s’effectue actuellement, ainsi qu’un « renforcement des contrôles » sanitaires, douaniers et de sécurité des navires britanniques.

Enfin, une mesure va plus loin, annonçant un zèle particulier dans les « contrôles des camions à destination et en provenance du Royaume-Uni », quelle que soit leur cargaison.

Le feu couvait depuis des semaines. Parmi les sujets de friction post-Brexit entre Paris et Londres, celui de la pêche reste explosif, bien que ne concernant qu’un nombre relativement réduit d’acteurs. En volume, les débarques britanniques (environ 3 000 tonnes en 2020 pour 10,2 millions d’euros) représentent moins de 5 % des exportations totales britanniques de produits de la pêche vers la France.

Au total, quelque 80 % des produits de la mer britanniques sont destinés à l’exportation, avec la France comme premier pays destinataire au sein de l’Union européenne.

La France ne « laissera pas la Grande-Bretagne s’essuyer les pieds sur l’accord Brexit », a insisté le porte-parole du gouvernement français.

« En haut de la pile »

L’accord post-Brexit, conclu in extremis fin 2020 entre Londres et Bruxelles, prévoit que les pêcheurs européens puissent continuer à travailler dans certaines eaux britanniques à condition de pouvoir prouver qu’ils y pêchaient auparavant. Mais Français et Britanniques se disputent sur la nature et l’ampleur des justificatifs à fournir.

Dans les zones de pêche encore disputées (zone des 6-12 miles des côtes britanniques et îles anglo-normandes), Londres et Jersey ont accordé au total un peu plus de 210 licences définitives, alors que Paris en réclame encore 244.

« Il manque quasiment 50 % des licences auxquelles nous avons droit », a martelé Gabriel Attal.

La décision française s’inscrit « dans une démarche européenne puisque nous avons saisi en même temps la Commission européenne pour avoir une réunion de premier étage de règlement des litiges », a précisé le secrétaire d’État français aux Affaires européennes, Clément Beaune.

« Aucun autre sujet de coopération européenne avec le Royaume-Uni ne pourra progresser sans rétablir la confiance et appliquer pleinement les accords signés », précise le communiqué gouvernemental.

Environ 50 % de licences manquantes

La ministre de la Mer, Annick Girardin, avait prévenu qu’elle voulait une solution globale d’ici au 1er novembre, puisque l’île de Jersey a donné un délai d’un mois (jusqu’au 30 octobre) à 75 bateaux français pour fournir de nouveaux éléments et rouvrir leur dossier. Ces navires-là étant pour l’instant sur liste rouge, ils ne pourront plus frayer dans les eaux de Jersey à compter de lundi.

La situation est aussi très tendue dans la région de Boulogne-sur-Mer (Hauts-de-France), où des dizaines de pêcheurs n’ont pu accéder aux eaux britanniques depuis des mois. Stéphane Pinto est dans ce cas : « Depuis avril, on est à plus de 50 % de pertes d’exploitation », dit-il, estimant qu’il y a longtemps que l’État et l’UE « auraient dû réagir ».

Côté normand, le président du comité régional des pêches, Dimitri Rogoff, est satisfait de voir le sujet pêche « en haut de la pile » et prévient que les pêcheurs vont « durcir le ton localement ».

Avec AFP

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