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Logiciel espion Pegasus : la Cour suprême indienne ordonne une enquête

Le gouvernement du premier ministre indien, Narendra Modi (ici en septembre 2021 devant l’Organisation des Nations unies), n’a pas nié ou confirmé l’utilisation du logiciel d’espionnage Pegasus, poussant la Cour suprême a ordonner une enquête. EDUARDO MUNOZ / AP

La Cour suprême indienne a ordonné, mercredi 27 octobre, l’ouverture d’une enquête indépendante sur l’utilisation présumée par le gouvernement du logiciel d’espionnage Pegasus à l’encontre de journalistes, d’opposants politiques et de militants.

L’Inde fait partie des pays où des dizaines de milliers de numéros ont été ciblés par ce logiciel commercialisé par la société israélienne NSO, selon une enquête publiée en juillet par un consortium international de dix-sept médias dont Le Monde, coordonné par l’association Forbidden Stories. L’ordonnance fait suite à des pétitions de particuliers qui, selon le président de la Cour suprême indienne, N. V. Ramana, « soulèvent des préoccupations orwelliennes ».

L’État ne peut pas bénéficier d’un « laissez-passer chaque fois que le spectre de la sécurité nationale est soulevé », a-t-il expliqué, en précisant que la cour avait accepté les pétitions car « il n’y a pas eu de démenti spécifique » de la part du gouvernement. La cour a chargé des experts en cybernétique et en informatique d’examiner les allégations.

Le gouvernement propose sa propre commission

Plus de mille des numéros de cibles potentielles établies par le logiciel étaient indiens, parmi lesquels celui du chef de l’opposition, Rahul Gandhi, mais aussi ceux de journalistes, militants, critiques du gouvernement et anciens juges. Une femme qui avait accusé l’ancien président de la Cour suprême indienne de harcèlement sexuel figurerait également sur la liste.

Le logiciel Pegasus permet, une fois qu’il est installé dans un téléphone mobile, d’espionner l’utilisateur de l’appareil, par l’accès à ses messageries, à ses données, ou l’activation à distance de l’appareil à des fins de captation de son ou d’image. Les critiques disent que son utilisation en Inde s’inscrit dans des attaques croissantes contre la dissidence et les libertés civiles sous le gouvernement nationaliste hindou du premier ministre, Narendra Modi.

Selon le Washington Post, une analyse de plus de vingt téléphones indiens figurant sur une liste de cibles potentielles a montré que dix d’entre eux avaient effectivement été visés par Pegasus, dont sept avec succès. Peu après la publication de l’enquête sur Pegasus, le Parlement indien avait été perturbé par des appels de l’opposition demandant une enquête. Le gouvernement n’a pas voulu nier ou confirmer l’utilisation du logiciel espion pour des raisons de sécurité nationale. Il a proposé de mettre en place sa propre commission d’enquête.

Le Monde avec AFP

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