Militaire devenu politicien, Roh Tae-woo qui est décédé mardi 26 octobre à l’hôpital de l’université de Séoul, fut entre 1988 et 1993 à la fois le dernier président sud-coréen soutenu par l’armée et le premier chef d’Etat d’une Corée du Sud engagée sur la voie de la démocratisation. Son mandat reste marqué par l’adoption d’une constitution toujours en vigueur, la tenue des Jeux olympiques de Séoul, une ouverture vers la Chine et l’URSS, et un rapprochement avec la Corée du Nord.
Né en 1932 à Daegu (Sud-Est) dans une Corée sous la férule japonaise, M. Roh est le fils d’un fonctionnaire local. Au lycée, il fait la connaissance de Chun Doo-hwan, une amitié qui allait jouer un rôle majeur dans l’histoire de la Corée du Sud. Engagés dans l’armée pendant la guerre de Corée (1950-1953), les deux hommes intègrent l’Académie militaire coréenne. Ils en sortent diplômés en 1955.
M. Roh devient général en 1979. En décembre de la même année, deux mois après l’assassinat du président autoritaire Park Chung-hee (1917-1979), Chun Doo-hwan, à la tête du renseignement militaire, mène un coup d’Etat. Il organise une mutinerie en s’appuyant sur une organisation secrète, Hanahoe qui réunissait les diplômés de 1955 de l’Académie militaire. Roh Tae-woo en faisant partie, il lui fournit l’appui de la 9e division d’infanterie qu’il commande.
Une « ère pour les gens ordinaires »
M. Chun impose la loi martiale en mai 1980. Membre de la junte, M. Roh participe à la violente répression des manifestants se battant à Gwangju (Sud-Ouest) en faveur de la démocratie. L’intervention des troupes d’élite fait près de 200 morts. Par la suite, Roh Tae-woo occupe plusieurs postes ministériels et contribue à la sélection de Séoul pour accueillir les Jeux olympiques de 1988.
En 1987, Chun Doo-hwan fait de lui son successeur à la présidence, un processus à l’époque purement formel, le chef d’Etat étant nommé par un collège de fidèles du régime. L’annonce suscite des manifestations contre le régime militaire. A l’approche des JO, Roh Tae-woo cède à la pression et organise en décembre 1987 les premières élections libres depuis l’éphémère intermède démocratique de 1960.
Il est élu treizième président de la Corée du Sud, profitant de la division de l’opposition qui présentait deux candidats, les futurs présidents Kim Young-sam (1993-1998) et Kim Dae-jung (1998-2003). Apparaissant souriant en public – une première pour un dirigeant sud-coréen – M. Roh promet l’avènement d’une « ère pour les gens ordinaires ». Il tolère la caricature, même d’un Chun Doo-hwan désormais reclus dans un temple bouddhiste pour échapper aux accusations de corruption et de violences.
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